lundi 8 août 2011

Pays de neige - Yasunari Kawabata



Shimamura est un riche citadin originaire de Tokyo, sa fortune lui permet de ne pas travailler. Il est passionné de danse d’abord traditionnelle mais il s’intéresse par la suite aux ballets occidentaux (qu’il n’a jamais vus). Sa principale activité est donc d’écrire des livres sur ces sujets qui le passionnent et que personne ne lira.
Pays de neige nous relate ses trois voyages dans une station thermale à la montagne.
Au cours de son premier séjour, raconté en flash-back, alors qu’il demande à être mis en relation avec une geisha, il fait la connaissance de Komako.
Tous deux semblent s’éprendre l’un de l’autre mais …

Mon avis :

Mon sentiment est très partagé quant à cette lecture.
Le décor est somptueux, les descriptions magnifiques, j’ai véritablement voyagé, le dépaysement était au rendez-vous, ce dont j’avais été privée lors de ma précédente rencontre avec un auteur japonais et que j’avais regretté, mais cette fois-ci c’est une réussite.
Ce fut pour moi l’occasion d’une découverte du monde montagnard japonais et d’éléments traditionnels de la culture japonaise comme le samisen, le kotatsu, le hakama, le Chijimi mais aussi une immersion dans de somptueux paysages montagnards. La blancheur et le froid sont omniprésents que ce soit par l’évocation des sommets enneigés ou par celle de la peau des geishas voire même de leur tempérament. Cette blancheur et ce froid participent de la purification des hommes. C’est ce que Shimamura était venu chercher à l’origine dans cette station thermale.
Purification de l’esprit je le conçois aisément mais purification du corps j’en doute, notamment lorsque l’on sent le besoin de faire appel à des geishas alors qu’on est déjà marié et père de famille. Alors oui voilà, d’emblée je ne pouvais pas éprouver de sympathie envers Shimamura, un riche oisif qui délaisse sa famille pour prendre du bon temps avec d’autres femmes. L’homme se fait facilement tourner la tête.
Le roman s’ouvre sur la scène du train, magnifiquement décrite il est vrai malgré la piètre qualité de la traduction. Dans ce trajet en train qui l’amène au village, Shimamura est subjugué par le visage d’une jeune femme dont il contemple discrètement le reflet dans la vitre. Cette jeune femme Yoko accompagne un jeune homme malade, on ignore les liens qui les unissent tous les deux.
Arrivé à destination et à peine installé, Shimamura demande à avoir une geisha. Malheureusement toutes celles du village sont déjà prises mais une des employées de l’auberge lui conseille une jeune femme non professionnelle. C’est ainsi que Shimamura rencontre Komako.
Encore une fois, difficile de dire quels liens les unissent tous deux. Malgré ses promesses, Shimamura ne donnera aucun signe de vie à Komako jusqu’à sa prochaine visite une année après. A ce moment-là, Komako est devenue geisha professionnelle pour subvenir aux frais médicaux d’un malade qui se trouve être l’homme du train nommé Yukio. La rumeur veut que Yukio et Komako soient fiancés ce qui expliquerait le geste de Komako mais cette dernière nie en bloc.
C’est à la gare lors du départ de Shimamura que Komako apprend le décès de Yukio par Yoko qui n’est autre que la jeune femme du train. Komako refuse d’aller au chevet du mourant.
Tout au long du récit, je me suis demandée où l’auteur voulait en venir. Je n’ai absolument rien compris aux relations entre Shimamura, Komako, Yukio et Yoko.
On ne connaît le personnage de Yoko qu’à travers sa voix et ses yeux. On ne sait rien d’autre d’elle, qui est-elle, quels liens a-t-elle avec les autres personnages.
Quant à la relation entre Shimamura et Komako, c’est tout aussi énigmatique. Shimamura ne semble éprouver que du désir physique à l’inverse de Komako qui, elle, semble, véritablement éprise. De même, Shimamura semble attiré par Yoko mais une fois encore on en sait pas davantage.
Il faut attendre la fin du roman pour qu’il se passe quelque chose : un incendie a lieu, gros contraste entre la chaleur et les couleurs de l’incendie par rapport au froid et à la blancheur ambiante. Il y a là probablement une métaphore dont je ne parviens pas à saisir pleinement la signification. Yoko est victime d’un accident lors de cet incendie, s’agit-il d’un suicide ? Est-elle morte ? Pourquoi est-ce Komako qui tente de la secourir ? Quel lien y a-t-il donc entre ces deux personnages ? Autant de questions qui demeurent sans réponses.
Shimamura semble indifférent à tout sauf au corps des femmes. Komako vit dans une situation précaire pendant que lui roule sur l’or mais ça ne l’émeut pas. Il se permet de critiquer ses projets les estimant inutiles et vains, lui reprochant de dépenser beaucoup d’énergie pour rien. C’est un comble de la part de quelqu’un qui n’a pas besoin de travailler pour subvenir à ses besoins et, qui plus est, fournit lui-même des efforts à la rédaction de livres qui ne trouveront jamais de lecteurs. La mort de Yoko le laisse de marbre mais se permet d’être choqué du refus de Komako d’aller au chevet de son ami mourant.
Komako est, elle, très mystérieuse. J’ai du mal à la cerner. Elle boit beaucoup ( pour oublier sa condition ?) et se présente ivre la plupart du temps, elle est assez lunatique. J’ai trouvé ce personnage presque théâtral tellement certaines réactions m’ont paru exagérées.
Bref, ce récit me laisse sur ma faim, je n’y ai pas saisi grand chose et sans doute que la traduction y a sa part de responsabilité nous privant certainement de nombreuses métaphores et de la signification symbolique des scènes. C’est très dommage car il s’agit tout de même d’un prix Nobel.


Pour ceux qui, comme moi avant cette lecture, ne connaissent pas le samisen :


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