mercredi 20 juin 2012

Les monades urbaines - Robert Silverberg



4ème de couverture :

En l'an 2381, la Terre porte soixante-dix milliards d'êtres humains dont la devise est : Croissez et multipliez. Ils habitent des tours de mille étages, les monades urbaines, et jouissent d'une totale liberté sexuelle. Ils ne quittent jamais leurs villes verticales et explorent rarement un autre étage que le leur. Ils vivent l'utopie, la promiscuité, le bonheur.
Qui en doute est malade. Qui est malade est soigné. Qui est incurable est exécuté.
 Micael, l'électronicien, rêve pourtant de la Terre du passé, de l'océan, de la nature qu'il a découverts à travers un film vieux d'un siècle. Il fuit.
Et Jason, l'historien, armé par son savoir contre tous les tabous anciens, redécouvre de son côté un sentiment proscrit, la jalousie.
Les monades urbaines constitue le chef-d'oeuvre incontesté de Robert Silverberg, l'un des plus célèbres et des plus féconds des écrivains américains de science-fiction. Il y peint dans le moindre détail un monde de l'avenir, séduisant, terrifiant, vraisemblable.


Mon avis :

Silverberg a imaginé pour nous une solution à la surpopulation de notre planète : exploiter la 3ème dimension de l’espace : la verticalité.
Cette solution, on en voit déjà quelques ébauches à notre époque actuelle mais Silverberg va beaucoup plus loin. Toute la population est entassée dans d’immenses tours de 3 kms de hauteur et pouvant contenir plus de 800 000 personnes, 1000 étages répartis en cités portant le nom de villes de l’ancien monde. Chaque cité correspond à une catégorie socio-professionnelle précise. Les tours sont autonomes en énergie et sont pourvues de tous les équipements nécessaires à la vie sociale : logements, usines, salles de sport, de concert, écoles, cabinets médicaux etc…
Mais pour ceux qui, comme moi, connaissent la vie en appartement, on sait que vivre ainsi dans une certaine promiscuité engendre quelques tensions. Pour les hommes de 2381, ces tensions ne sont pas tolérables car néfastes à la fécondité et à l’accroissement de la population. Il faut donc éviter au maximum toutes sources de conflits, de frustration ou de mécontentement. Et c’est tout un mode de vie, toute une culture qu’imagine Silverberg, avec ces codes, ces mœurs et quiconque ose les remettre en question ou s’en écarter est impitoyablement condamné à mort.

Le roman se découpe en plusieurs chapitres consacré chacun à un personnage en particulier. On les suit dans leur vie, dans leur intimité et on découvre à travers eux cette mentalité et ces mœurs qui nous semblent totalement incroyables mais qui, pour ces hommes de 2381, sont tout à fait naturelles.
Bien que dans les premiers chapitres, tout semble aller parfaitement, les personnages nous paraissent heureux et satisfaits de cette vie urbaine particulière mais peu à peu, au fur et à mesure que l’on avance dans la lecture, certains doutent et se découvrent des traits de caractère et des ambitions en contradiction avec ce mode de vie qu’ils connaissent pourtant depuis leur naissance et qu’ils pensaient avoir accepté.
De là la question que se pose Jason, l’historien. Ce changement de culture fonctionne-t-il parce que lié à un conditionnement psychologique ou a-t-il été, au fil des siècles, inscrit dans les gènes ? Les remises en question de certains des personnages semblent répondre à la question. Jalousie et rêve d’évasion hantent les esprits de certains qui vont jusqu’à oser sortir de la tour pour partir à la découverte du monde extérieur.
Dehors, Micael croise ceux à qui a été confiée la tâche de produire la nourriture des citadins. Leur mode de vie se rapproche du nôtre et Micael est confronté au choc des cultures.

J’ai été totalement bluffée par l’imagination de Silverberg, inventer une nouvelle civilisation d’où est bannie la propriété sous toutes ses formes, où on ne se pense plus en tant qu’individu à part entière mais comme partie intégrante d’un tout, où personne ne souffre de froid ni de faim malgré une population de plus de 70 milliards, où la criminalité a totalement disparu, cela semble être le paradis, LA solution idéale à tous les maux que connaît notre société actuelle.
Mais pourtant sous couvert d’utopie hippie ( contexte d’écriture oblige) bien visible à travers des concepts comme la liberté sexuelle, l’usage de drogues et l’absence de toute propriété, il n’empêche que persistent, dans cette nouvelle société, la sempiternelle lutte des classes entre classes inférieures logées en bas de la tour et classes dirigeantes logées au sommet, et avec elle, ambitions professionnelles, volonté d’ascension sociale et souci du paraître. L’individualisme n’est pas complètement mort.
Mais sommes-nous capables de vivre dans ces conditions ? Peut-on museler ce qui fait partie intégrante de notre humanité au profit de la vie en société ? Inversement, comment concilier les deux ? Voilà des questions parmi tant d’autres que soulève ce roman, un roman intemporel bien qu’écrit en 1971 et qui restera longtemps d’actualité.

J’avoue avoir englouti ce récit en quelques heures, bien que certains chapitres soient moins passionnants que d’autres ( j’ai sauté des lignes notamment dans celui concernant le musicien qui, à mon avis, n’apporte pas grand chose à l’ensemble excepté peut-être de montrer le mépris que peuvent ressentir les classes sociales entre elles). Après L’homme programmé, je suis à nouveau conquise par cet auteur. Heureusement pour moi, il a une bibliographie bien fournie, de quoi me régaler encore pendant un bon moment.


samedi 9 juin 2012

Sur la route - Jack Kerouac




Résumé :

Sur la Route est le livre clef de la beat generation. C'est le récit des errances de l'auteur (Jack Kerouac porte le pseudonyme de Sal Paradise) sur les routes américaines. Voyageant en auto-stop, logeant chez qui l'accepte, partageant femmes et alcool avec des amis d'un jour, Kerouac s'abandonne à la loi du hasard, à la recherche d'une fraternité réelle. Sur la route est le compte rendu de cette quête, de ses moments d'euphorie, mais aussi de ses passages à vide et ses échecs.

Mon avis :

Avec la sortie du film, l’exposition qui lui est consacrée, on ne peut pas passer à côté du célèbre Sur la route de Kerouac et lorsque le livre a enfin été choisi pour le club de lecture de Babelio, je me faisais une joie de découvrir enfin le chef d’œuvre dont on parle tant et qu’on encense à ce point. J’ai donc pris place à bord en compagnie de Sal, Dean et les autres.

Eh bien la déconvenue fut à la hauteur de mon enthousiasme initial au point que je me suis arrêtée au km 386 , impossible d’aller plus loin et de poursuivre le trajet sans prendre le risque de devoir stopper sur le bas-côté en catastrophe afin de déverser dans le fossé le contenu de mon estomac.
Autant j’adore voyager, autant là je préfère rentrer chez moi plutôt que de perdre mon temps en si mauvaise compagnie.
Je vais probablement m’attirer les foudres de certains mais peu importe ( « je m’en fous » comme dirait Sal) mais je ne comprends absolument pas l’engouement que suscite ce livre et encore moins qu’il soit devenu un monument de la littérature. Qu’il soit emblématique d’une génération, à la rigueur, ok, mais je me sens à des milliards d’années lumière de la mentalité de cette génération.
D’ailleurs, elle me rappelle drôlement la société actuelle qui fait l’apologie de la beaufitude et de la vulgarité.
Alors donc forcément, je n’ai pas pu être sensible aux pérégrinations de cette bande de loosers qui se prennent pour des pseudos-rebelles et s’imaginent qu’être libre, c’est passer son temps à se bourrer la gueule, se marier et divorcer toutes les 5 minutes, disperser sa semence et faire des gosses aux 4 coins du pays, se droguer, voler, j’en passe et des meilleures … Si c’est ça vivre sa vie intensément, alors je dois avoir un gros problème existentiel.
Je veux bien croire qu’être libre c’est s’affranchir de toute contrainte, toute responsabilité, de faire fi des limites et des lois qu’on nous impose. Mais le faire de cette façon-là, je trouve ça plutôt destructeur et sans aucun intérêt. Qu’est-ce que ça apporte ? Je me suis demandée à plusieurs reprises si Sal et Dean étaient vraiment heureux de mener cette vie. Quand je constate comment Kerouac a fini sa vie, je n’en ai pas l’impression. En tout cas, je n’ai pas du tout la même philosophie de vie quitte à passer pour une coincée ou une « has-been » (rien qu’en utilisant ce terme, je dois en être une, non ?). En parlant de philosophie, les babillages sans queue ni tête de Dean m’ont franchement fait rire. Comme quoi, il ne suffit pas de lire les philosophes pour en être un.
On dit que les voyages forment la jeunesse mais je ne crois pas que ce voyage-là ait formé quoique ce soit. Bon, c’est dommage, j’aimais bien regarder les paysages défiler derrière ma vitre et je reconnais avoir pris du plaisir à lire tout le passage où Sal voyage seul mais dès que Dean réapparaît, c’est fini …
Je préfère donc descendre en cours de route pour incompatibilité d’humeur et continuer mon chemin seule à ma façon et je sais que de beaux moments m’attendent pour me faire oublier cette pénible mésaventure.