mercredi 22 février 2012

Ubik - Philip K. Dick



Synopsis :

La publicité des organismes de protection anti-psi proclame : « Défendez votre intimité. Est-ce qu'un étranger n'est pas à l'affût de vos pensées ? Êtes-vous vraiment seul ? Cela concerne les télépathes mais aussi les précognitifs. Vos actes sont-ils prédits par quelqu'un que vous n'avez jamais rencontré ? Mettez fin à votre anxiété ; contactez le plus proche organisme de protection... » C'est dans cet univers que Glen Runciter vit et meurt. Mais meurt-il vraiment ? Le temps s'en va en lambeaux. Une bouffée de 1939 dérive en 1992. Et par les trous du décor se glissent les messages d'Ubik. Ubik qui est partout, Ubik qui est tout. Mais qui est Ubik ?

Mon avis :

On connaît surtout  Philip K.Dick de nom et notamment à travers les adaptations cinématographiques de ses œuvres comme Blade Runner ou Minority Report mais Ubik était ma première rencontre avec cet auteur.
Grâce à la lecture commune organisée par Lise en mémoire de ElJc grand amateur de science-fiction, j’ai pu découvrir ce  grand classique du genre SF. Et je ne suis pas déçue du voyage !

Avec ce roman, on se retrouve plongés dans un tout autre univers. Certains lecteurs considèrent ce roman comme dépassé. Effectivement, l’action se situe initialement en 1992. Pour nous il s’agit bien sûr du passé mais lors de l’écriture, 1992 était le futur et c’est amusant de voir comment Dick l’imaginait. On y voit des voitures volantes, des portes et des frigos qui parlent et réclament de l’argent pour fonctionner, on y voit l’homme ayant colonisé la lune et Mars…et puis, suite à une étrange mission sur la lune qui tourne mal, voilà Joe Chip et ses acolytes témoins d’étranges phénomènes de régression dans le temps. Peu à peu, 1992 et son décor moderne et futuriste laissent la place à celui de 1939. Plus gênant encore, les collègues de Joe meurent un par un transformés en momies.
Joe et ses compagnons seraient apparemment morts mais maintenus en semi-vie, un état transitoire entre la vie et la mort qui permet de continuer à communiquer avec les vivants tout en évoluant dans un autre monde.

Tout m’a plu dans ce roman : une histoire originale avec un univers bien particulier, du suspense et ces curieux messages publicitaires en tête de chaque chapitre ventant les mérites d’ Ubik.
Je me suis vraiment demandée où Dick voulait m’emmener et peu à peu les éléments se mettent en place et on commence à comprendre ce qui se passe. Enfin … c’est ce que l’on croit …
J’ai été bluffée par ce roman, par son étrangeté, sa richesse et sa cohérence, par son côté absurde qui m’a rappelé l’univers de Boris Vian. D’ailleurs, le style aussi et la liberté de ton m’ont rappelé Boris Vian également.
Je me doutais bien que ma chronique ne serait pas à la hauteur de mon enthousiasme. A vrai dire, je ne sais pas comment parler de ce livre qui, pour moi, sort des sentiers battus. Même après avoir lu Asimov, Silverberg et un autre Dick, il y a quelque chose de spécial dans Ubik que je ne parviens pas à expliquer. Et d’un autre côté, j’ai peur de trop en dire et de gâcher le plaisir de la découverte à d’éventuels futurs lecteurs.
En tous cas, une chose est sûre, le dépaysement est garanti et cette sensation ressort d’autant plus que Dick emploie un vocabulaire inventé de toutes pièces pour les besoins du récit. Eh non, désolée, il n’existe pas, à ma connaissance, de dictionnaire français-ubikois. Il faudra compter sur votre sens de la déduction pour deviner le sens des mots utilisés.
J’ai retrouvé ici, comme dans Substance Mort mais en moins présent, le côté hippie de Dick avec la dénonciation d’un système basé sur l’argent et la consommation à travers le personnage de Joe toujours fauché.
Et puis le clou du spectacle : cette fin à la Dick absolument géniale ! Bref, j’ai adoré !

Un tout grand merci à Lise pour l'organisation de cette LC et une très grande pensée à El Jc que je n'ai malheureusement pas eu la chance de connaître mais qui avait certainement un goût sûr en matière de SF. Je visite à présent régulièrement son blog pour y piocher mes lectures SF. Je lui dois, ainsi qu'à Lise, la découverte de ce très grand roman.

mercredi 15 février 2012

L'homme programmé - Robert Silverberg




4ème de couverture :

Paul Macy sort juste du Centre de Réhabilitation. Bien sûr, il est encore un peu perturbé, mais très bientôt sa vie reprendra son cours normal. Un nouvel appartement, un nouveau travail l'attendent, et il ne lui faudra pas longtemps avant de se faire de nouveaux amis. Paul habite l'ancien corps de Nat Hamlin, un sculpteur de génie, mais aussi un violeur en série de la pire espèce. La personnalité, les souvenirs d'Hamlin ont été effacés de manière définitive pour faire place au passé créé de toutes pièces de Macy. La société peut désormais dormir sur ses deux oreilles. Mais quelle est donc cette voix que Paul entend de plus en plus souvent à l'intérieur de son crâne?
Roman de science-fiction sombre et violent, L'homme programmé fait écho à L'oreille interne, publié à la même époque. Une nouvelle preuve de l'immense talent de l'auteur.


Mon avis :

Ma première approche de l’univers de Robert Silverberg et je ne suis pas déçue. Je suis même étonnée de constater à quel point la SF en littérature n’a rien à voir avec la SF au cinéma qui, elle, se contente de faire dans le grand spectacle à grands coups d’effets spéciaux dans l’unique but d’éblouir le spectateur. A travers les livres, je découvre d’autres facettes du genre SF, un genre qui aborde des questions d’ordre philosophique et existentiel. C’est notamment le cas avec L’homme programmé. On peut y retrouver des relents de Dr Jekyll et Mr Hyde. Certes donc, l’idée de base n’est pas particulièrement originale : deux esprits antagonistes se partagent et se battent pour obtenir l’ascendant sur un même corps. A la différence que l’un des esprits a été créé de toutes pièces.

Paul Macy est une personnalité inventée, créée par l’homme pour habiter le corps de Nat Hamlin, artiste psychopathe violeur condamné par la justice à être « effacé ». Un incident fait que la personnalité de Hamlin, censée avoir complètement disparu lors du processus de réhabilitation, resurgit et tente de reprendre possession de son corps.
De là naissent des échanges très intéressants entre les deux esprits. Nat Hamlin argue de ses 35 années de vie, de son talent, du fait d’avoir réellement vécu pour justifier sa primauté sur son propre corps.
Paul Macy est bien conscient que sa vie, ses souvenirs ont été intégralement fabriqués, qu’il n’a encore fait l’expérience de rien, qu’il est comme un nouveau-né avec déjà quelques connaissances de base. Mais pourtant, il revendique son droit à la vie.

Qu’est-ce qui définit notre existence, le fait que nous soyons humains ? Lorsqu’il s’agit de machines ou de robots, on peut avancer l’argument selon lequel nous ressentons des émotions ce dont une machine est incapable mais dans le cas de Paul Macy ? Il n’est pas une machine, il sent, ressent, mange, boit, c’est un être vivant à part entière. Mais a-t-il moins de poids en tant qu’être humain sous prétexte que son passé est faux et entièrement construit ?
Et qu’en est-il du corps en tant que tel ? N’est-il finalement qu’une interface entre l’esprit et le monde extérieur ? Un simple outil permettant à l’esprit d’interagir avec le milieu environnant ?

Robert Silverberg explore toutes ces questions sous différents aspects de façon brillante et intelligente.
Certains passages sont excellents, la construction basée sur des dialogues passionnants, le style incisif, tout contribue à la cohérence du propos et incite à la réflexion. Le récit est entièrement raconté du point de vue de Paul Macy alternant discours direct/indirect, 1ère personne/3ème personne afin d’accentuer l’effet de confusion et le flou que peut ressentir Macy à voir son esprit « parasité » sans cesse.
Les passages relatifs à la personnalité de Nat Hamlin sont bien rendus avec toute la noirceur du personnage, son côté presque « inhumain » et surtout immoral. Les scènes de sexe et de viol sont assez crues et reflètent bien le contexte d’écriture des années 70 et son côté machiste. Toutefois, on fait tellement pire de nos jours que ça n’en est pas choquant pour autant.
A la différence de Dick, pas de fin sensationnelle ici. Donc un peu déçue pour ça mais ça n’enlève rien à la qualité du récit ni à mon enthousiasme.

Un très bon roman d’introspection donc, qui fouille les tréfonds de l’âme humaine, explore la lutte du bien contre le mal, lutte qui participe finalement de notre dualité et de notre complexité.
Un roman qui se mérite car riche en réflexions. De quoi m’encourager à poursuivre ma découverte du genre.


lundi 13 février 2012

Kairo - Kiyoshi Kurosawa



4ème de couverture :

Michi, une jeune fille de vingt et un ans, pressent que quelque chose est en train de se dérégler dans le monde après la disparition brutale ou le suicide inexpliqué de personnes de son entourage.
Ailleurs, un jeune homme découvre dans un laboratoire un étrange programme informatique sur la vie artificielle. Dans l'au-delà, les morts qui grouillaient jusque-là dans une léthargique éternité se manifestent à travers des écrans d'ordinateur et entreprennent de prendre la place des vivants. Peu à peu des femmes, des hommes passent " de l'autre côté " tandis que l'univers se dépeuple et que la peur augmente. Est-ce la fin du monde ?
Un roman fantastique ironique et déroutant par un écrivain qui est aussi l'un des cinéastes japonais les plus inventifs de sa génération. Son film Kairo, sorti en France en 2001, a connu un grand succès.

Mon avis :

Le résumé m’avait intriguée, je me suis donc plongée dans ce roman apocalyptique assez particulier.

Je dois reconnaître que le concept de base est assez original : Internet comme interface entre le monde des vivants et l’au-delà et comme moyen pour les morts de prendre la place des vivants, je trouvais ça intéressant. Et puis aussi, pour une fois, je lisais un roman sur les revenants qui soit un tant soit peu crédible. Je veux dire par là que les fantômes des romans gothiques caricatures du fantôme tout blanc qui apparaît à minuit et qui hante des vieux châteaux, eh bien je trouve ça trop ridicule. Donc pour le coup là j’étais plutôt contente.
Seulement voilà, plusieurs choses m’ont gênées dans ce roman.

La première est une incohérence due au concept ou alors c’est moi qui n’aie pas bien compris je ne sais pas trop. Mais si les morts prennent la place des vivants et sachant que depuis que l’humanité existe il doit y avoir des milliards de milliards de morts, comment expliquer que le monde se dépeuple ? On est que 6 milliards d’êtres humains sur la planète donc ils devraient tous être remplacés par des morts, non ? Enfin bref, moi pas avoir compris …

Autre point gênant : le style. Pour le coup, il est à l’image de l’ambiance décrite dans ce roman : un style plat et sans vie. Je n’ai ressenti aucune émotion à sa lecture. Le climat était pourtant à l’angoisse, j’aurais donc du me sentir mal à l’aise, avoir un semblant de palpitation au cœur, mais non. J’ai trouvé ça vraiment dommage car l’histoire s’y prêtait vraiment et il y aurait vraiment eu matière à faire quelque chose de terriblement anxiogène. En clair, on met le concept dans les mains de Stephen King et là, j’en suis sûre, ce serait génial.

Bon ceci dit, d’après la 4 de couv, l’auteur est aussi cinéaste. Je ne sais pas ce que donne le film, j’aimerais bien le voir pour me faire une idée ( mais bon … avec la fermeture de megaupload, je n’en aurais probablement pas l’occasion). En tout cas, s’il est du même cru que Dark Water (que j’avais vraiment adoré !) , ça pourrait compenser le livre. Après lecture du synopsis du film, il semblerait que l’histoire soit quand même assez différente du livre.

Le roman a tout de même le mérite de soulever des questions sur le sens de la vie, la solitude de l’existence, l’immortalité et sur l’au-delà. Si vous êtes croyants, ne pensez pas trouver là des notions telles que Paradis, Jugement dernier ou Enfer. Du moins … pour l’Enfer, pas au sens où il est décrit dans les religions.
J’ai aussi aimé cette dénonciation d’une société individualiste où la solitude règne et dans laquelle une personne peut disparaître du jour au lendemain sans que cela n’inquiète grand monde. J’ai senti aussi (mais peut-être que je me trompe) une mise en accusation de l’outil informatique et d’Internet qui, en donnant l’illusion à l’utilisateur d’être en connexion avec le monde, ne fait que l’isoler davantage de ses proches et de sa vie.

Un petit extrait pour illustrer mon désappointement face au style :

«  Mitsuyama ouvrit le tiroir du bureau et sortit dans un mouvement ample un objet noir. C’était un revolver. Ryôsuke en eut le souffle coupé. Mitsuyama l’appliqua aussitôt sur sa gorge et tira. Dans un fracas assourdissant , tout son corps trembla brusquement et s’affala sur le bureau dans une posture tordue. Quel événement ! Rouge vif, le sang se mit à dégouliner par terre le long du bureau. »

Alors voilà, on est typiquement dans une scène tendue et dramatique et là PAF ! Ce « Quel événement ! » qui vient tout gâcher. Et là où j’aurais du trembler un minimum d’effroi, eh bien j’ai rigolé ! Il aurait pu écrire « Oh la la, quelle drôle de surprise ! » que ça m’aurait fait pareil …
Alors je ne sais pas, c’est peut-être moi qui suis trop difficile mais désolée car franchement j’en ris encore.

Donc voilà, un roman intéressant sur le fond mais présenté sous une forme qui ne me convient pas. Si je devais résumer mon avis en un seul mot, ce serait : dommage …



dimanche 12 février 2012

Substance Mort - Philip K. Dick



4ème de couverture :

Dans une Amérique imaginaire livrée à l'effacement des singularités et à la paranoïa technologique, les derniers survivants de la contre-culture des années 60 achèvent de brûler leur cerveau au moyen de la plus redoutable des drogues, la Substance Mort.
Dans cette Amérique plus vraie que nature, Fred, qui travaille incognito pour la brigade des stups, le corps dissimulé sous un «complet brouillé», est chargé par ses supérieurs d'espionner Bob Actor, un toxicomane qui n'est autre que lui-même.
Un voyage sans retour au bout de la schizophrénie, une plongée glaçante dans l'enfer des paradis artificiels.

Mon avis :

Un titre pas très gai, une couverture qui fait peur (mais particulièrement adéquate), de quoi mettre le lecteur dans l’ambiance et le préparer psychologiquement à la lecture de ce roman dur, complexe et éprouvant.
Il ne faut pas lire Substance Mort si vous êtes sujet à la déprime ni si vous avez envie de vous détendre ni si vous avez besoin d’une lecture légère et divertissante car Substance Mort n’est rien de tout ça. Substance Mort est une plongée dans le milieu de la drogue vu du côté des drogués et en même temps un bouleversant hommage à tous ceux qui se sont retrouvés prisonniers du cercle infernal de la toxicomanie.

On suit Bob Arctor et ses amis, tous appartenant au milieu des « freaks » donc de ceux qui dealent et se droguent, évoluant dans leur monde de paranos angoissés dont les principaux soucis sont de se procurer leur prochaine dose et de ne pas se faire repérer par la police.
Malheureusement pour eux, repérés, ils le sont. L’agent des stups Fred est chargé de leur surveillance. Seulement, voilà, Fred n’est autre que Bob Arctor lui-même dont la véritable identité se trouve dissimulée derrière le « complet brouillé », incroyable invention qui permet à celui qui le porte de faire varier son aspect physique et même sa voix de façon à ce qu’il soit complètement inidentifiable.
Immergé dans une situation qui le contraint à se surveiller lui-même et victime des effets de la Substance Mort, Bob perd peu à peu toute notion d’identité. Les dégâts sur son cerveau évoluent peu à peu au fil du roman lui faisant complètement perdre toute conscience de la réalité.

Les dialogues entre les différents personnages, absurdes au possible, et certaines scènes totalement loufoques décrivant les trips des personnages renforcent cette impression de totale déconnexion entre les « freaks » et le monde réel. Le lecteur est plongé dans cet autre monde et découvre avec effroi qu’il n’y a malheureusement aucune sortie de secours. Le lecteur aussi se retrouve pris au piège de l’incroyable filet tissé magistralement par Philip K.Dick jusqu’à ce que ce dernier le mette KO avec une fin qui l’achève et l’écoeure.
Je dois reconnaître que Dick est vraiment un as pour les fins « choc » étonnantes et troublantes.

Bouleversante est aussi cette note rédigée par l’auteur en fin de volume dans laquelle il explique avoir lui-même connu l’enfer de la drogue et avoir perdu ainsi nombre d’amis auxquels il rend hommage à travers ses personnages.
Ce roman est classé en science-fiction mais seuls quelques éléments se rapportent au genre (comme le « complet brouillé ») car pour le reste, c’est inspiré du vécu et du réel.
Plus qu’une simple œuvre de fiction, ce roman est un témoignage et un avertissement à tous ceux qui seraient tentés de vouloir continuer à jouer comme des enfants plutôt que de se confronter à la réalité d’une vie de labeur.

 «  Ce roman ne propose aucune morale ; il n’est pas bourgeois ; il ne prétend pas que ses héros ont eu tort de jouer au lieu de travailler dur, il se contente d’énumérer les conséquences. »

Et quelles conséquences !
J’ai également retrouvé dans ce roman, tout comme dans Ubik, une critique de la société de consommation et une réflexion sur ce qu’est l’identité. Le seul point que je reproche à Dick, c’est cette image de la femme plutôt dégradante réduite à un robot ménager et une poupée gonflable. Je l’avais déjà remarqué dans Ubik. Le passage où Bob explique que c’est le rôle des femmes d’entretenir une maison pour excuser que la sienne soit dans un état déplorable m’a un peu agacée. Enfin bon, on va mettre ça sur le compte de la mentalité de l’époque et notamment celle du mouvement hippie dont on retrouve de nombreux éléments ici et en particulier celui que dénonce principalement Dick dans ce livre : la consommation de psychotropes .

Substance Mort est donc un roman fort et dur, qui marque les esprits et fait réfléchir. J’en conseille vivement la lecture.

vendredi 10 février 2012

Beyrouth Canicule - Djilali Bencheikh



4ème de couverture :

Années 70.
Palestiniens et Israéliens se livrent une guerre sans merci : prise d'otages de Munich, coups d'éclats de Septembre Noir... A Paris, Kamel, étudiant algérien idéaliste et bon vivant, s'engage auprès de compatriotes militant pour la démocratie en Algérie. Comme eux, il se sent solidaire de la cause palestinienne. Aussi, lorsque le charismatique chef du mouvement l'investit d'une mission secrète au Liban, se voit-il incapable de refuser.
Mais Kamel à Beyrouth, c'est un peu Candide au pays du Cèdre. La valise orange à double fond est bien trop voyante pour ne pas être repérée... Pris dans la tourmente d'un pays au bord de l'explosion, ballotté au gré de rencontres déconcertantes ou d'enjeux politiques qui le dépassent, Kamel vogue de galères en surprises. Quand la fiction se frotte à la réalité, les tribulations d'un Algérien à Beyrouth nous promènent dans les coulisses de l'Histoire.

Mon avis :

Beyrouth Canicule raconte les péripéties d’un jeune étudiant algérien qui se retrouve embarqué pour une mission assez risquée et … qui ne tourne pas comme prévu. On suit donc Kamel dans cette incroyable aventure. Kamel, l’étudiant engagé qui défend ses idées en militant mais de façon exclusivement pacifiste. Et notre héros qui, jusque-là ne faisait qu’écrire des papiers et coller des affiches, se voit confier une mystérieuse valise qu’il doit acheminer au Liban.
Ce récit m’a très agréablement surprise et je l’ai dévoré ! Le récit à la première personne a fait que je me suis tout de suite plongée dans cette aventure. Les traits de caractère de Kamel font aussi  que je me suis facilement identifiée à lui.
Je connaissais assez mal le contexte au début de ma lecture. La prise d’otages de Munich, Septembre Noir ne m’évoquaient que très peu de choses. Grâce à ce roman, j’ai pu ainsi me plonger dans la situation géo-politique relative au conflit israelo-palestinien des années 70. Kamel, en tant qu’algérien, se situe du côté pro-palestinien et on découvre en même temps que lui les conditions de vie des palestiniens exilés au Liban et celles de ceux qui se sont engagés dans la lutte armée.
Mais ne nous méprenons pas. Kamel n’aura jamais à user de la violence. Le récit ne fait que relater ses mésaventures libanaises entre paranoïa, angoisse et humour. La situation vire parfois au très cocasse. Le plus amusant c’est que, finalement, il ne se passe pas grand chose mais Djilali Bencheikh a eu le talent nécessaire pour maintenir le suspense et une certaine tension qui amènent le lecteur à tourner les pages encore et encore avide de connaître la suite.
Je ne me suis donc pas ennuyée un seul instant, je me suis même amusée et j’attendais avec curiosité de voir comment Kamel parviendrait à rentrer en France sans problèmes. Djilali Bencheikh parvient vraiment à immerger son lecteur dans l’histoire et on se prend à devenir aussi parano que Kamel !
L’entrevue entre Kamel et le statisticien à la toute fin du roman est vraiment jubilatoire et j’ai été très admirative du comportement de notre personnage principal ( le « métier » rentre !).
Un récit donc brillamment mené et très intéressant sur le plan historique que je conseille très vivement.


mercredi 8 février 2012

Le rêve de l'homme lucide - Philippe Ségur



4ème de couverture :

Simon Perse, un homme désabusé, vient de quitter femme et enfants pour vivre en solitaire dans un petit appartement. Depuis toujours, Perse dort peu et, sur les conseils de son psychanalyste, il décide d'utiliser cette aptitude pour cesser complètement de dormir. Après une période d'euphorie, marquée par un sentiment de surpuissance, des hallucinations l'assaillent peu à peu.

Mon avis :

Le rêve de l’homme lucide existe-t-il vraiment ou l’ai-je rêvé ? Il me semble qu’à l’heure où j’écris ces mots il est 23 h et je viens d’achever ma lecture du dernier roman de Philippe Ségur. Je crois qu’une bonne nuit d’insomnie m’attend pendant laquelle je vais pouvoir réfléchir à si j’ai réellement lu ce livre ou si j’ai simplement rêvé ma lecture. Pourtant, il est bien là, à côté de moi, ce livre à la couverture étrange où un homme bras croisés et sans tête semble attendre que je lui donne la réponse.
C’est en ayant aussi perdu ma tête ou, du moins, est-elle encore embrumée, prise dans un tourbillon fou, une histoire à dormir debout (et l’expression est adéquate) que je vais donc tenter de vous exprimer les raisons de mon enthousiasme suite à cette fabuleuse découverte.

Jusqu’ici, seul Paul Auster était parvenu à me faire un tel effet. Eh bien maintenant, il y a Philippe Ségur. J’ai retrouvé dans ce roman cet univers décalé qui fait perdre tous ses repères au lecteur. Le personnage principal, Simon Perse, est écrivain. Il travaille à l’écriture de son nouveau roman : Le rêve de l’homme lucide. Vous l’avez compris, nous voilà avec un roman dans le roman dont on ne sait plus lequel est la réalité. Philippe Ségur parvient avec talent à surprendre son lecteur. Les hallucinations de Simon sont-elles réelles ? Car une fois celles-ci évaporées, Simon réalise qu’il a continué de se comporter normalement tout en étant ailleurs.

Simon a cessé de dormir car il recherchait la lucidité. A travers les raisons qui le poussent dans cette quête, Philippe Ségur se livre à une critique de notre société actuelle, société qui ne fabrique que des êtres humains robotisés programmés à vivre d’une certaine façon, à penser d’une certaine façon.
Qui est en train de dormir ? Ne sont-ce pas tous ces gens qui semblent suivre un chemin tout tracé sans jamais se poser de questions sur ce qu’ils sont vraiment ?
Toutes ces interrogations conduisent Simon sur le divan du Dr Zennegger nous offrant des scènes hilarantes. J’étais pliée de rire !
Humour, réflexion, rêve, suspense autant d’ingrédients qui font pour moi de ce roman une réussite totale. J’ai dévoré, englouti ses pages à une vitesse folle, avide de comprendre, de savoir ce qui allait se passer.
De plus, la plume de l’auteur est d’une fluidité délicieuse, le récit à la première personne, le langage utilisé rendent le récit extrêmement vivant au point de le rendre réel. On est à fond dedans et on n’en décroche pas.

Je conseille vivement ce bijou de littérature à tous ceux qui aiment rire, s’interroger et être surpris. Quant à moi, je vais me jeter sur les précédents romans de Philippe Ségur.


samedi 4 février 2012

Un roman américain - Stephen L. Carter



4ème de couverture :

Eté 1952, Martha's Vineyard. Vingt hommes se réunissent dans le plus grand secret. Politiciens, avocats, hommes d'affaires, universitaires, Blancs et Noirs, ils sont l'élite de l'Amérique. Ce soir-là, ils signent un pacte diabolique destiné à manipuler le président des Etats-Unis pour les décennies à venir... Deux ans plus tard, au cœur de Sugar Hill, par une nuit glaciale de février, à la sortie d'une réception huppée, le jeune écrivain noir Eddie Wesley tombe sur un cadavre. Lequel cadavre agrippe entre ses mains une étrange croix inversée. Qui a tué ce riche avocat blanc croisé quelques heures plus tôt à la fête ? Que signifie cette croix ? Alors que la curiosité d'Eddie commence à déranger, sa petite sœur, Junie, promise à un brillant avenir à la Cour suprême, s'évanouit brusquement dans la nature. Quel est le lien entre cette disparition, le meurtre de l'avocat et le complot visant à contrôler le président des Etats-Unis ?

Mon avis :

Un résumé alléchant comme un beau gâteau aperçu dans la vitrine. Mais alors une fois en bouche … quelle déception !
J’ai eu beaucoup de peine à venir à bout de ce roman qui m’a parut interminable. 598 pages et il faut attendre les 100 dernières pour qu’on apprenne enfin des choses et qu’il y ait un peu d’action.
Enfin …dès le début du roman, on a un assassinat. Je me suis dit « chouette on entre directement dans l’action », sauf que en guise d’action il n’y a que ça à se mettre sous la dent, quelques assassinats. En dehors de ça, on suit les pérégrinations du personnage principal Eddie en quête de sa sœur et d’un mystérieux complot.
Je m’attendais à des révélations sensationnelles, au lieu de ça, je n’ai eu qu’une intrigue banale, sans aucune surprise, les indices sont tirés par les cheveux. D’ailleurs, j’ai clairement douté de mon intelligence car je n’ai rien compris au pourquoi du comment de ce complot. Tout est confus et obscur. Les déboires amoureux des uns et des autres m’ont franchement fatiguée. En clair, le roman pourrait tenir en une centaine de pages. Tout le reste ne sert qu’à tourner en rond. Même le cadre historique n’a pas réussi à rattraper le tout.
En plus de ça, je n’ai ressenti aucune émotion bien que les personnages connaissent des moments très pénibles, la guerre, la torture, ce n’est pas rien et pourtant ça m’a laissée de marbre. Je n’ai pas réussi à me prendre de sympathie pour les personnages.
Je ne vais pas m’étendre davantage car je veux passer à autre chose au plus vite.
Rejet total donc pour ce roman américain. Le thriller politique n’est vraiment pas un genre pour moi. En revanche, je pense que mon papa va beaucoup plus apprécier.
Je remercie Livraddict et les Editions Robert Laffont pour ce partenariat.