lundi 13 février 2012

Kairo - Kiyoshi Kurosawa



4ème de couverture :

Michi, une jeune fille de vingt et un ans, pressent que quelque chose est en train de se dérégler dans le monde après la disparition brutale ou le suicide inexpliqué de personnes de son entourage.
Ailleurs, un jeune homme découvre dans un laboratoire un étrange programme informatique sur la vie artificielle. Dans l'au-delà, les morts qui grouillaient jusque-là dans une léthargique éternité se manifestent à travers des écrans d'ordinateur et entreprennent de prendre la place des vivants. Peu à peu des femmes, des hommes passent " de l'autre côté " tandis que l'univers se dépeuple et que la peur augmente. Est-ce la fin du monde ?
Un roman fantastique ironique et déroutant par un écrivain qui est aussi l'un des cinéastes japonais les plus inventifs de sa génération. Son film Kairo, sorti en France en 2001, a connu un grand succès.

Mon avis :

Le résumé m’avait intriguée, je me suis donc plongée dans ce roman apocalyptique assez particulier.

Je dois reconnaître que le concept de base est assez original : Internet comme interface entre le monde des vivants et l’au-delà et comme moyen pour les morts de prendre la place des vivants, je trouvais ça intéressant. Et puis aussi, pour une fois, je lisais un roman sur les revenants qui soit un tant soit peu crédible. Je veux dire par là que les fantômes des romans gothiques caricatures du fantôme tout blanc qui apparaît à minuit et qui hante des vieux châteaux, eh bien je trouve ça trop ridicule. Donc pour le coup là j’étais plutôt contente.
Seulement voilà, plusieurs choses m’ont gênées dans ce roman.

La première est une incohérence due au concept ou alors c’est moi qui n’aie pas bien compris je ne sais pas trop. Mais si les morts prennent la place des vivants et sachant que depuis que l’humanité existe il doit y avoir des milliards de milliards de morts, comment expliquer que le monde se dépeuple ? On est que 6 milliards d’êtres humains sur la planète donc ils devraient tous être remplacés par des morts, non ? Enfin bref, moi pas avoir compris …

Autre point gênant : le style. Pour le coup, il est à l’image de l’ambiance décrite dans ce roman : un style plat et sans vie. Je n’ai ressenti aucune émotion à sa lecture. Le climat était pourtant à l’angoisse, j’aurais donc du me sentir mal à l’aise, avoir un semblant de palpitation au cœur, mais non. J’ai trouvé ça vraiment dommage car l’histoire s’y prêtait vraiment et il y aurait vraiment eu matière à faire quelque chose de terriblement anxiogène. En clair, on met le concept dans les mains de Stephen King et là, j’en suis sûre, ce serait génial.

Bon ceci dit, d’après la 4 de couv, l’auteur est aussi cinéaste. Je ne sais pas ce que donne le film, j’aimerais bien le voir pour me faire une idée ( mais bon … avec la fermeture de megaupload, je n’en aurais probablement pas l’occasion). En tout cas, s’il est du même cru que Dark Water (que j’avais vraiment adoré !) , ça pourrait compenser le livre. Après lecture du synopsis du film, il semblerait que l’histoire soit quand même assez différente du livre.

Le roman a tout de même le mérite de soulever des questions sur le sens de la vie, la solitude de l’existence, l’immortalité et sur l’au-delà. Si vous êtes croyants, ne pensez pas trouver là des notions telles que Paradis, Jugement dernier ou Enfer. Du moins … pour l’Enfer, pas au sens où il est décrit dans les religions.
J’ai aussi aimé cette dénonciation d’une société individualiste où la solitude règne et dans laquelle une personne peut disparaître du jour au lendemain sans que cela n’inquiète grand monde. J’ai senti aussi (mais peut-être que je me trompe) une mise en accusation de l’outil informatique et d’Internet qui, en donnant l’illusion à l’utilisateur d’être en connexion avec le monde, ne fait que l’isoler davantage de ses proches et de sa vie.

Un petit extrait pour illustrer mon désappointement face au style :

«  Mitsuyama ouvrit le tiroir du bureau et sortit dans un mouvement ample un objet noir. C’était un revolver. Ryôsuke en eut le souffle coupé. Mitsuyama l’appliqua aussitôt sur sa gorge et tira. Dans un fracas assourdissant , tout son corps trembla brusquement et s’affala sur le bureau dans une posture tordue. Quel événement ! Rouge vif, le sang se mit à dégouliner par terre le long du bureau. »

Alors voilà, on est typiquement dans une scène tendue et dramatique et là PAF ! Ce « Quel événement ! » qui vient tout gâcher. Et là où j’aurais du trembler un minimum d’effroi, eh bien j’ai rigolé ! Il aurait pu écrire « Oh la la, quelle drôle de surprise ! » que ça m’aurait fait pareil …
Alors je ne sais pas, c’est peut-être moi qui suis trop difficile mais désolée car franchement j’en ris encore.

Donc voilà, un roman intéressant sur le fond mais présenté sous une forme qui ne me convient pas. Si je devais résumer mon avis en un seul mot, ce serait : dommage …



2 commentaires:

  1. Oui alors, déjà que l'idée de base me tente moyennement, là je dois dire, que je ne risque pas de tenter ma chance...

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    1. Tu as bien raison, l'auteur n'est clairement pas écrivain et si en plus le résumé ne te dit rien, autant ne pas perdre ton temps ;-)

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