dimanche 9 septembre 2012

Au-delà du mal - Shane Stevens



4ème de couverture :

A dix ans, accusé d’avoir assassiné sa mère, Thomas Bishop est placé en institut psychiatrique. Quinze ans plus tard, il s’en échappe avec une soif de vengeance sans bornes, et entame un long périple meurtrier à travers les Etats-Unis. Très vite, une chasse à l’homme s’organise : la police, la presse et la mafia sont aux trousses de cet assassin hors norme, remarquablement intelligent, méticuleux, amoral. Bishop sème la mort sans répit, n’ayant de cesse de changer d’identité et laissant sur sa route davantage de cadavres que d’indices. Au fur et à mesure de ce carnage sans précédent, l’Amérique entière plonge dans la paranoïa et l’hystérie. Les destins croisés des protagonistes, en particulier celui d’Adam Kenton, journaliste dangereusement proche du tueur, vont finir par dévoiler un inquiétant jeu de miroir …



Mon avis :

J’étais curieuse de découvrir ce roman précurseur du genre thriller avec tueur en série qui aurait inspiré les James Ellroy et Thomas Harris. Je peux comprendre ce qu’il avait d’original à l’époque mais il faut reconnaître qu’aujourd’hui, le genre fait fureur et, entre les romans et les séries TV, il devient difficile de surprendre le lecteur. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai lâché ce type de lecture dont j’étais pourtant très friande il y a dix ans.
Mais bon … là il s’agit du pionnier alors j’ai voulu voir ce que ça donnait.

J’ai beaucoup aimé la première partie, l’enfance de Thomas Bishop, son internement, son évasion. Mais 900 pages mes amis … c’est long, surtout quand il n’y a pas de rebondissements.
Ce roman fonctionne selon le procédé que j’appelle Colombo : c’est-à-dire qu’on connaît déjà l’identité de l’assassin et on regarde les enquêteurs se dépatouiller avec leurs indices, leurs raisonnements etc … Sauf que Colombo, lui, a du nez et s’intéresse toujours en premier au coupable. Ici, ce n’est pas le cas, oh que non. La police ne s’en sort pas au point qu’elle demande à la pègre de l’aider. Même les journalistes s’y mettent. Rien à faire ! Normal, car dès le début ils écartent tous LA piste numéro un. Bah oui, il faut bien faire durer le suspense ! Pourtant si j’ai bien appris un truc avec toutes les séries et tous les polars que j’ai vues/lus, c’est bien qu’il ne faut jamais négliger une seule piste. Bref … ça a eu le don de m’énerver …
Donc voilà notre tueur en série qui se promène à travers les Etats-Unis en toute tranquillité.
Le roman alterne plusieurs points de vue de cette chasse à l’homme, celui des policiers, des journalistes, celui du tueur. Heureusement car ajouté au style rythmé de l’auteur, ça permet de tromper un peu l’ennui.

On a donc des policiers pas très futés, un journaliste plutôt intelligent mais qui met 700 pages à découvrir l’identité du tueur … et le tueur dans tout ça ? Ben … quand on connaît Patrick Bateman, plus rien ne nous impressionne. Parce que oui, il tue notre Thomas Bishop mais on est loin, très loin, de frémir d’horreur et de faire la grimace de dégoût. Les scènes de meurtre sont plutôt fades et vite traitées. Les âmes sensibles apprécieront. Même si l’auteur nous dévoile toutes les pensées secrètes et les névroses de Bishop, je suis restée sur ma faim car c’est finalement très répétitif et pas vraiment original ( enfin … ça l’était sûrement à l’époque mais plus maintenant).

Et parce qu’il faut bien avoir des choses à raconter pendant ces 900 pages, Shane Stevens assaisonne son œuvre d’intrigues politiques. Et ça, désolée, mais je déteste les thrillers politiques. L’avantage c’est qu’on a, grâce à ça, une assez belle description de l’ambiance des Etats-Unis des années 70, on retrouve la montée en puissance des journalistes d’investigation (bêtes noires de Nixon), on est témoin des « arrangements » entre grands industriels et pouvoir politique. On a des réflexions très intéressantes sur la question de la peine de mort. Finalement, l’atmosphère de l’époque ressort assez bien.

Ce qui ressort assez bien aussi, c’est la misogynie de l’auteur. Ce monsieur a une vision de la femme vraiment ignoble, je pense que son Thomas Bishop a du lui servir d’exutoire à sa haine du sexe opposé. Il l’avoue d’ailleurs lui-même en disant qu’assassiner des femmes est le fantasme classique d’une grande majorité d’hommes. S’il n’avait mis de tels propos que dans la bouche de son tueur en série, j’aurais compris qu’il s’agissait de la mentalité du personnage , sauf que ce genre de propos apparaît aussi venant des policiers, des journalistes, bref de tous les protagonistes. D’ailleurs, ils sont exclusivement masculins. Les femmes sont quasi absentes sauf pour servir de victimes ou de prostituées d’occasion.

Donc voilà, je suis plutôt déçue par ce roman. Je pense que je suis trop influencée par American Psycho qui, pour moi, est un chef d’œuvre du genre dont je n’ai pas trouvé d’équivalent jusqu’à présent.

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