J’ai pour habitude de céder à la facilité et de me contenter, en guise de résumé, de copier-coller le texte de la quatrième de couverture. Mais pour vous prouver que je ne le fais que dans les cas où elle est pertinente et fidèle au roman, j’ai décidé cette fois-ci de faire mon propre résumé car, justement, la quatrième de couverture est trompeuse et c’est à se demander si son auteur a vraiment lu le livre.
Nous sommes au XVIIème siècle au sein de l’empire Moghol sous le règne de l’empereur Jahangir. Depuis son vingtième mariage avec la belle Mehrunnisa à laquelle il voue une véritable passion, il perd peu à peu de sa crédibilité auprès de ses sujets. Pourquoi ? Parce qu’au sein de la société moghole où les femmes n’ont aucun droit ni pouvoir, Jahangir innove et choque en laissant de plus en plus sa femme prendre les rênes du gouvernement et imposer ses décisions. C’est la vie de cette incroyable femme, pourtant issue du petit peuple et portée au sommet du pouvoir, que Le Festin de Roses nous relate, de son mariage à son décès.
Mon avis :
Bien que passionnée d’Histoire, je connais très mal celle de l’Inde hormis peut-être les grands noms des empereurs moghols Babur, Akbar et Shah Jahan. Mais alors Jahangir, je ne le connaissais pas. Eh bien, Jahangir est tout simplement le fils d’Akbar et le père de Shah Jahan. Il a régné de 1605 à 1627 sur un immense empire comprenant tout le nord de l’Inde, le Pakistan et une partie de l’Afghanistan.
Bien que l’objet du roman soit la vie de son épouse Mehrunnisa ( à laquelle il donna le titre de Nur Jahan = lumière du monde), le contexte historique est très présent et c’est à un passionnant cours d’Histoire moghole ainsi qu’une magnifique visite guidée des palais moghols que nous convie ce roman.
En achetant ce livre (sur un simple coup de tête), j’ai eu un peu peur d’avoir affaire à une banale histoire à l’eau de rose ( ce que la quatrième de couverture laisse entendre). J’ai même bien failli ne jamais donner sa chance à ce livre et ne jamais l’ouvrir.
Eh bien, de la chance, c’est moi qui en ai eu. Car ce roman est une véritable merveille, un petit bijou de roman historique comme je les aime.
Alors oui, il y a des histoires d’amour mais jamais l’auteur ne tombe dans la mièvrerie et jamais elle ne tombe dans le vulgaire comme c’est souvent la mode dans la littérature actuelle. Les scènes érotiques sont à peine suggérées, rien de cru, rien de choquant, tout en finesse et romantisme. Bref, tout ce que j’aime.
Au début de la lecture, on se prend facilement d’amitié pour cette jeune femme issue d’un milieu modeste , veuve d’un premier mari qu’on l’avait forcée à épouser. Mais au fur et à mesure, on apprend à la connaître, à voir en elle un caractère fort et entêté. Nur Jahan influence fortement son époux et va jusqu’à bafouer l’étiquette et tous les codes moraux qui prévalaient à la cour jusqu’alors. Elle a une incroyable soif de pouvoir et pour assouvir ses ambitions et atteindre ses objectifs, elle se fait machiavélique et manipulatrice. On l’aime et on la déteste en même temps.
En lisant Le Festin de Roses, vous vous retrouverez donc plongé au cœur des manigances, des complots et des intrigues de palais. Les alliances se font et se défont au gré des intérêts personnels, on assassine et on organise des coups d’Etat. Les liens du sang pèsent peu face à l’attrait de la couronne impériale et les fils n’hésitent pas à renverser voire éliminer les frères et les pères. A tout ceci, s’ajoute la lutte entre Anglais et Portugais pour l’obtention d’un traité commercial avec l’Empire et la maîtrise des mers. Le roman raconte les premiers contacts et les difficultés qu’ont connu les ambassadeurs de la couronne britannique.
Fort rouge d'Agra |
Les descriptions sont magiques et envoûtantes comme dans un conte de fées. Mais elle insiste aussi pour mon plus grand plaisir sur les détails architecturaux. J’ai pu ainsi visiter le palais rouge d’Agra et m’imaginer la magnificence et la richesse de ses décors. Et le final en beauté avec la construction du célèbre et éblouissant Taj Mahal érigé par le fils rebelle de Jahangir pour son épouse dont vous ferez la connaissance en lisant ce roman.
Au niveau du style, je n’ai rien à redire. Sauf peut-être que j’ai parfois été gênée par l’emploi des termes arabes. Ils sont certes expliqués lors de leur première évocation mais j’ai tendance à vite oublier, je pense qu’un lexique en fin d’ouvrage aurait été appréciable. En dehors de ça, l’écriture est des plus agréables. Indu Sundaresan a un vrai talent de conteur.
Je me dois de préciser tout de même que Le Festin de Roses est en réalité la suite d’un premier volume intitulé La vingtième épouse qui raconte la vie de Mehrunnisa de sa naissance à son mariage. Je dois reconnaître que si je n’avais pas surfé sur la toile à la recherche de critiques sur ce livre, je ne l’aurais su qu’en toute fin de lecture. L’auteur rappelle les événements précédents dans le récit avec naturel, ce qui fait que je ne m’étais rendue compte de rien.
A noter aussi, au début de chaque chapitre un extrait d’ouvrage authentique sur l’Histoire moghole (mémoires, récits de voyages …) et en fin de volume, un épilogue dans lequel l’auteur nous informe des libertés qu’elle a pu prendre avec l’Histoire ( très peu finalement).
Je pense que vous aurez compris que je sors de ma lecture totalement charmée, envoûtée. C’est un énorme coup de cœur et je vous le conseille plus que vivement.
Maintenant, je vais tout faire pour me procurer le tout dernier roman d’Indu Sundaresan : Princesse de l’ombre qui se penche cette fois sur l’histoire de la fille de Shah Jahan.
Et pour tout vous dire, j’ai une folle envie d’aller en Inde pour voir tout ça de mes yeux !
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