mercredi 13 juillet 2011

Nuit et jour - Virginia Woolf



« Nuit et jour », le jour et la nuit, je t’aime et je ne t’aime pas, je sais et je ne sais pas, bonheur et mélancolie, solitude et mariage …
« Nuit et jour » de Virginia Woolf c’est l’analyse de la complexité des sentiments humains, c’est l’ode au cœur qui balance, c’est la tourmente entre les convenances, les obligations d’un milieu bourgeois et les passions du cœur.
Katherine Hilbery est une jeune fille d’une famille de la haute société londonienne, sa beauté et sa vivacité d’esprit ont charmé deux jeunes hommes très épris d’elle : William Rodney issu du même milieu à qui elle est fiancée et Ralph Denham d’une famille plus modeste contraint de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille.
Là-dessus intervient Mary Datchet militante suffragette, fière de faire partie des travailleurs, indépendante, elle n’a d’yeux que pour Ralph.
Plusieurs péripéties ont lieu, les sentiments changent, s’éteignent ou évoluent et on entre dans une valse d’émotions, de questions, d’incompréhension, de remise en cause de soi, de la société.

Katherine Hilbery semble être une personne froide, hautaine, que rien n’atteint. Elle est prise dans le carcan d’une société bourgeoise où elle se doit de se conformer à un code de conduite qui prévaut aux jeunes filles de sa condition. Dans ce cas, le mariage est une voie toute tracée. Mais Katherine ne l’entend pas de cette oreille. Elle est particulièrement attachée à sa solitude, envie l’indépendance de Mary Datchet. Elle rejette nombre d’attributs associés à sa condition. Là où elle devrait se passionner de littérature ( d’autant plus que son grand-père fut un illustre poète), elle préfère étudier les mathématiques en cachette.

Mary Datchet est une femme forte, vive, convaincue du bien-fondé de son activité. Elle milite pour le droit de vote des femmes, elle est à ce titre indépendante et rejette toute forme de subordination de la femme. Pourtant, elle se trouvera soumise à cet amour qu’elle porte à Ralph avec lequel elle entretient une amitié et une complicité très fortes, un amour déçu puisque Ralph, lui, entretient une véritable obsession pour Katherine Hilbery. Les rapports entre les deux femmes sont instables, tantôt amicaux, tantôt hostiles . Concurrence, jalousie mais à la fois compréhension caractérisent leur relation.

Ralph Denham semble être le seul personnage constant de ce roman. Entièrement voué à son amour pour Katherine, il ne vit et ne pense qu’à travers elle. Sa tourmente vient de la violence des sentiments qu’il éprouve, sentiments contrariés et aussi déçus car persuadé de leur non-réciprocité et de l’impossibilité de cette réciprocité. Ralph n’est pas du même milieu. Désargenté, il rage d’être contraint à travailler et préfèrerait s’exiler dans une maison de campagne pour se consacrer à la rédaction d’un livre. Fuite qui lui permettrait à la fois de s’éloigner de sa condition sociale dont il semble avoir honte mais aussi d’échapper à l’emprise de son obsession pour Katherine.

William Rodney est un personnage curieux. Vaniteux, susceptible, jaloux, capricieux, il a un côté enfantin qui ne peut que contraster sévèrement avec le sérieux de Katherine.
Tout d’abord épris d’elle, ses sentiments vont peu à peu se détourner et se poser sur la cousine Cassandra, jeune fille élevée à la campagne, fraîche, enjouée, innocente dont les traits et le caractère lui conviennent donc beaucoup mieux.

C’est donc d’une quête qu’il s’agit dans ce roman, une quête au sentiment véritable, une quête de réponse aux questions : « qu’est-ce que le véritable amour ? », « Peut-on s’accorder le droit d’y céder faisant fi des règles et des convenances ? »

Mon avis :

Ce fut ma première rencontre avec Virginia Woolf et si je n’avais pas lu des critiques m’informant que ce roman était complètement à part dans son œuvre, je pense que ça aurait été également la dernière. J’ai été soulagée d’arriver à la fin, c’est long et ennuyeux, j’ai bien failli abandonner en cours de lecture mais la volonté d’écrire une chronique en ayant tous les éléments me rendait la poursuite de ma lecture indispensable. Et aussi, je me dois de préciser qu’elle compte pour le Challenge Nécrophile organisé par Fashion.
Difficile de s’attacher aux personnages, aucun d’entre eux ne m’a particulièrement touchée. Leurs sempiternelles hésitations deviennent lassantes voire agaçantes. Le « Happy End » est un peu grotesque et en complet décalage avec le reste du roman.
Beaucoup de choses m’ont échappé. Je n’ai pas compris cette omniprésence du fleuve dans le récit, que symbolise-t-il ? L’auteur utilise également de nombreuses métaphores en rapport avec la mer et même si je comprends ponctuellement ce choix, je ne comprend pas sa récurrence.
De nombreux thèmes sont traités dans ce roman, notamment celui du carcan que représente le milieu social et auquel il est difficile d’échapper mais aussi la lutte pour le droit de vote des femmes, cause chère à l’auteur d’après mes informations. La littérature se trouve omniprésente elle aussi, tous les personnages à l’exception de Katherine en sont des passionnés. Le personnage de Mrs Hilbery, la mère de Katherine, en est même l’emblème. Elle souhaite écrire les mémoires de son prestigieux aïeul mais se trouve confrontée aux difficultés que peut rencontrer l’écrivain : quelles informations privilégier ? dans quel ordre les disposer ? comment bien choisir ses mots, tourner ses phrases ? …
Beaucoup dans les critiques que j’ai lues ont vu dans ce roman un hommage à Jane Austen. Je ne peux donner mon avis sur la question, n’ayant encore jamais lu un seul livre de cette auteur ( oui je sais, c’est une honte) mais je ne manquerai pas d’y revenir une fois que j’aurais comblé cette scandaleuse lacune dans ma ( pitoyable) culture littéraire.
Je trouve ma chronique trop simplifiée, il y aurait tant d’autres choses à dire et à préciser tellement ce roman est dense. Le style est en revanche fort agréable, pas de descriptions qui s’éternisent, de nombreux dialogues. Certains passages sont beaucoup plus attrayants que d’autres.
Conseillerais-je ce roman ? Difficile de répondre. Même si j’ai eu hâte d’en avoir terminé, je ne regrette pas ma lecture. Je pense qu’il s’agit d’une question de sensibilité.
Toutefois, s’il y a parmi vous des fans de Virginia Woolf ou d’autres qui auraient lu ce livre et qui pourraient m’aider à mieux le comprendre qu’ils n’hésitent pas à s’exprimer :)

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