Du célèbre auteur de science-fiction qu’était Isaac Asimov,
j’ai lu la trilogie Fondation et le tout premier tome du cycle des Robots.
Le point commun de ces livres est qu’ils ne sont pas vraiment des romans mais
plutôt des recueils de nouvelles très liées entre elles sur un même thème,
évoquant des personnages récurrents.
Cette fois c’est un recueil de nouvelles totalement
différentes l’une de l’autre qu’il m’a été proposé de lire.
Quand les ténèbres viendront est donc un recueil de
20 nouvelles écrites entre 1941 et 1967 qui doit son titre à la première
d’entre elles, celle qui a lancé la carrière d’Asimov et assuré sa renommée au
sein des auteurs de science-fiction.
Comme c’est souvent le cas pour les recueils de nouvelles,
la qualité est assez inégale d’un texte à l’autre et celui-ci ne déroge pas à
la règle.
On retrouve bien la « patte » Asimov, son côté
très scientifique, rigoureux et surtout logique. Il aborde plusieurs thèmes
très divers dont le racisme, la politique, l’amour, le courage, l’intelligence artificielle, la guerre, la
science etc … Toujours mené avec intelligence, chaque texte cache un message ou
invite à la réflexion. Même si certains me sont restés plutôt obscurs, d’autres
ont des airs de fable moderne dont on retire une morale.
Dans l’ensemble, mon avis est partagé, disons qu’une bonne
moitié des nouvelles m’a beaucoup plu tandis que j’ai trouvé les autres plus ou
moins intéressantes.
Certaines m’ont vraiment enthousiasmée par leur originalité.
Asimov sait surprendre et n’hésite pas à donner dans l’humour. Ainsi, un des
textes m’a arraché de grands éclats de rire.
Pour ceux que ça intéresse, je dis un petit mot sur chacune
des nouvelles au bas du billet mais je vous conseille de faire comme moi et de
lire ce recueil « à l’aveugle » pour une complète surprise.
Le point fort de ce recueil ne réside finalement pas dans
les nouvelles en elles-mêmes mais plutôt dans le texte de présentation qui les
accompagne toutes.
Rédigées par Asimov lui-même, ces introductions sont riches
d’enseignement sur le travail d’écriture d’Isaac Asimov et sur l’histoire de la
science-fiction. Il y détaille le contexte d’écriture de chaque nouvelle, ce
qui l’a influencé et inspiré, ses relations avec ses éditeurs et avec son
lectorat. C’est d’autant plus intéressant que les nouvelles sont classées dans
l’ordre chronologique, ce qui nous permet de suivre l’évolution de la carrière
et de la réflexion d’Asimov.
Ce recueil contient d’ailleurs aussi bien des succès que des
gros flops, l’un des textes a même été refusé. D’autres sont issus de défis qui
lui ont été lancés lors d’émissions télé ou même au sein de sa famille ou
encore des challenges personnels. On entre donc véritablement dans son univers
et c’est un régal de découvrir cet homme à la renommée aujourd’hui mondiale et
de le suivre dans son parcours d’écrivain.
Il était extrêmement lucide sur ses capacités. J’ai souvent
lu des critiques qui lui reprochaient la pauvreté de son style et il en était
parfaitement conscient :
« En ce qui concerne l’Art d’Ecrire, je suis un barbare absolu. Je n’ai reçu aucune formation méthodique, et, à ce jour, j’ignore encore Comment-On-Ecrit.
Tout simplement, j’écris suivant mon humeur, et aussi vite que les idées me viennent. »
Ce qui l’a poussé à tenter occasionnellement des efforts
stylistiques. A vous, lecteurs, de vous faire votre jugement mais pour ma
part, je préfère quand Asimov écrit librement. Personnellement, je ne le lis
pas pour la forme mais surtout pour le fond.
Les nouvelles :
-
Quand les ténèbres viendront : Sur la planète
Lagash où brillent continuellement six soleils, le crépuscule tombe
conformément à la prophétie qui annonce la fin du monde. Les habitants qui ne
connaissent pas l’obscurité s’interrogent ou paniquent. Une nouvelle très
intéressante qui touche à l’Histoire et où Asimov expose sa théorie du temps
cyclique qu’on retrouve dans Fondation.
-
Taches vertes : Le mode de vie individualiste
est-il une bonne chose ? Ne serait-ce pas mieux de faire partie d’un tout,
d’être de simples composants d’une entité unique ? Encore une nouvelle
intéressante qui pousse à la réflexion.
-
Hôtesse : Le docteur Tholan, habitant d’une autre
planète, est invité sur Terre. Est-il un espion qui cherche l’anéantissement de
l’espèce humaine ? Je n’ai pas trop aimé ce texte-ci. Je n’ai pas compris
où Asimov voulait en venir.
-
Y a-t-il un homme en incubation ? : L’espèce
humaine est-elle condamnée à stagner ou à être anéantie dès qu’elle s’élève un
peu trop ? Ou comment les humains provoquent des guerres dès que le
progrès le leur permet. Le thème de la catastrophe et de son caractère
inévitable est récurrent dans plusieurs nouvelles. On sent qu’Asimov se sent
très touché par la rapidité folle des progrès de la science et des possibles
conséquences et applications. Une problématique intéressante mais un traitement
finalement ennuyeux.
-
Vide-C : Le courage ne vient pas toujours de qui
l’on croit. Une magnifique nouvelle que j’ai suivi avec avidité avec une morale
sur le comportement humain intéressante.
-
En une juste cause … : On peut arriver au même
résultat par deux chemins totalement opposés. Un texte qui m’a rappelé le 1er
volet de la trilogie Fondation, essentiellement tourné sur les relations
intergalactiques, la diplomatie. Très intéressante et instructive.
-
Et si … : ou comment une simple remarque de son
épouse a pu conduire Asimov à écrire une très belle nouvelle très touchante sur
le destin. Tous les chemins mènent à Rome.
-
Sally : elle s’appelle Christine chez Stephen King
avec une fin à la Terminator. Pas mal du tout.
-
Les mouches : pas compris, pas aimé !
-
Personne ici, sauf … : Les dangers de
l’intelligence artificielle. Moyen.
-
Quelle belle journée ! : Très bonne nouvelle
sur la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur et de ne pas rester confiné dans
son petit monde.
-
Briseur de grève : Il n’y a pas de sot métier
dit-on. Très bonne nouvelle sur le racisme à l’image de la société de caste
indienne mais j’aurais imaginé une fin plus abrupte encore.
-
Introduisez la tête A dans
le logement B : Qui ne s’est
jamais pris la tête avec un mode d’emploi ? Une belle démonstration de
l’humour asimovien.
-
Le sorcier à la page : un savant met au point un
philtre d’amour moderne. Gare aux déceptions amoureuses ( et à celle du lecteur
…)
-
Jusqu’à la quatrième génération : Rien
compris !
-
L’amour, vous connaissez ? : Quand Asimov
tourne en ridicule certains magazines de science-fiction de son époque, ça
devient un vrai régal. Ma nouvelle préférée de ce recueil. Rires
garantis !
-
La machine qui gagna la guerre : Quand finalement
personne ne prend en compte le travail précédent des autres, d’où provient le
résultat final ? Bonne idée mais assez décevant quand même.
-
Mon fils, le physicien : On peut avoir un gros QI,
maman a toujours raison. Originale et tellement pleine de bon sens.
-
Les yeux ne servent pas qu’à voir : Bof
-
Ségrégationniste : Difficile de vous en parler
sans tout raconter mais lisez-la, elle est très intéressante.
Lire Asimov est toujours une expérience intéressante, on en
retire forcément quelque chose que ce soit des rires ou de la réflexion. Ce
recueil est en plus particulièrement bien pensé, je le conseille à tous les
amoureux de SF et d’Asimov.
Merci à Dana et aux
éditions Denoël !
Quand les ténèbres viendront – Isaac Asimov
Traduction Simone Hilling
Editions DENOËL collection Lunes d’encre
576 pages
Parution 04/06/2014
Ce que tu dis de ce recueil m'a donné une envie irrépressible de me trouver ce recueil (peut-être en VO). J'ai lu la série "Fondation" et mon ebook avait une introduction par l'auteur où il expliquait comment cette série avait vu le jour, et j'ai adoré autant les romans que l'intro. Tout ce que tu écris sur ce recueil-ci est fait pour me donner l'eau à la bouche, j'en bave sur mon clavier ! Il ne te remercie pas, mais moi oui :)
RépondreSupprimerTon commentaire me fait très plaisir ! Merci Nathalie !
SupprimerQuelle chance tu as eu d'avoir cette introduction à Fondation, ça doit être vraiment intéressant. C'est très éclairant sur le travail de l'auteur ce genre de textes et on lit l'oeuvre d'un tout autre oeil. J'espère que tu te régaleras avec ce recueil !
Je n'ai pas lu ce recueil, mais j'ai déjà lu la plupart des nouvelles de la liste dans d'autres recueils intitulés notamment "Jusqu'à la 4° génération" et "L'amour, vous connaissez ?" (donc devine quelles nouvelles ils contenaient, entre autres :p)
RépondreSupprimerJe suis assez d'accord avec ton avis sur la plupart d'entre elles.
Pour ce qui est du style d'Asimov, il ne semble pas se fouler dans la majorité de son œuvre, certes, et ce n'est pas ce qu'on lui demande, mais il est également capable de produire un phrasé délicieusement tarabiscoté et caricaturalement intello qui m'avait beaucoup plu dans la série de nouvelles "fantastiques" suivant les péripéties du démon Azazel
"L'amour, vous connaissez ?" m'a vraiment beaucoup marquée tellement je me suis bidonnée ! Elle sort vraiment du lot celle-ci. Mais j'avoue que sans les explications données par Asimov dans son intro à la nouvelle, elle aurait perdu beaucoup de sens. Elle est encore plus amusante quand on sait qu'il s'agit d'une parodie.
SupprimerPour le style, c'est vrai qu'il est capable de bien écrire comme il l'a fait pour certaines nouvelles mais je trouve que ça ne lui correspond pas vraiment. Bref, je préfère Asimov " au naturel" ! ^^
Je lis peu de SF mais cet auteur, classique du genre me tente ! Je note car les commentaires de l'auteur sur son travail m'intéresse...
RépondreSupprimerAsimov fait partie de ceux qui ont su faire de la SF un genre "noble" poussant à la réflexion. Ce recueil est un bon moyen de faire connaissance avec l'auteur. J'espère que tu l'apprécieras :)
SupprimerD'Asimov je ne connais que sa saga Fondation et j'en suis fan. J'aime beaucoup les réflexions qu'ils y développent. Et je suis bien d'accord, lire Asimov c'est une expérience très sympa =)
RépondreSupprimerAh "Fondation" c'est vraiment quelque chose ! Tu as lu le cycle entier ou seulement la Trilogie ? Moi je n'ai lu que la Trilogie mais j'aimerais bien lire tout le cycle.
SupprimerMerci pour cette critique ! Je suis d'accord avec toi sur pas mal de points (non, je n'ai pas lu ce recueil mais ce que tu dis s'applique aux recueils d'Asimov de manière générale je trouve).
RépondreSupprimerJe me rends compte quand je lis ses recueils que j'attends avec presque plus d'impatience ses commentaires que ses nouvelles^^
Contente de te retrouver ! Oui ses commentaires sont vraiment passionnants et je crois que le recueil aurait perdu beaucoup de son sens et de son intérêt sans ça.
SupprimerJe prends note ! J'ai le premier tome de "Fondation" dans ma PAL et, s'il me plaît, je me laisserais bien tenter par celui-ci également.
RépondreSupprimerP.S. : ce nouveau blog est très bien, très épuré. ;-)
Ah Fondation ! Quelle lecture ! Le premier tome est assez politique mais ne te laisse pas influencer car les 2 tomes suivants sont bien plus entraînants et se dévorent !
SupprimerMerci pour le blog ! J'ai vu que tu avais changé ton design aussi, c'est beaucoup plus joli ainsi ( on a le même penchant pour l'épuré ^^)