Durant plus de 20 ans , de 1907 à 1930, Edward S. Curtis,
photographe et ethnologue, a sillonné tout le territoire américain à la
rencontre des peuples amérindiens. Il a ainsi répertorié plus de 80 tribus,
pris plus de 50 000 clichés et constitué ainsi le plus grand inventaire qui
soit. The North American Indian, riche de 20 volumes, contenant près de
2500 photographies et 4000 pages de textes, est ainsi la source la plus riche
concernant les amérindiens, leur mode de vie, leurs croyances et coutumes.
Edward S. Curtis |
Après avoir découvert cette œuvre monumentale, Teresa
Carolyn McLuhan entreprit de compiler et poursuivre ce travail. Ainsi est né
l’ouvrage Pieds nus sur la terre sacrée regroupant textes, photographies
et témoignages des derniers représentants d’une civilisation aujourd’hui
pratiquement disparue.
Le recueil proposé par les éditions Folio comporte les deux
premières parties de l’ouvrage de T.C. McLuhan.
La première se consacre aux croyances et au patrimoine
spirituel. Bien que le peuple amérindien soit extrêmement varié, les discours
rapportés font ressortir des croyances communes et principalement leur
attachement viscéral à la terre-mère, à la nature et leur mode de vie organisé
en harmonie avec leur environnement, environnement soumis aux lois du Grand Esprit,
décideur de tout et à qui l’on doit tout.
La deuxième partie est dédiée aux relations entre les
amérindiens et les « hommes blancs » et les témoignages apportent le
point de vue de ces peuples dénués de préjugés et innocents sur l’arrivée et le
mode de vie de ceux qui leur ont volé leurs terres et leur âme. Les grands
chefs indiens ne mâchent pas leurs mots et c’est pourtant avec une infinie
sagesse qu’ils expriment leur étonnement et leur désapprobation quant aux mœurs
des « hommes blancs » et leur mode de vie sociétal qu’on veut leur
imposer : la hiérarchie, l’éducation, la religion etc… Ils invitent à
réfléchir au sens qu’on donne au mot « civilisé » et mettent ainsi
l’accent sur ce qui cause aujourd’hui encore la rancœur et le rejet de
l’autre : l’incompréhension mutuelle.
Pieds nus sur la terre sacrée est un recueil qui,
malgré son peu de pages, marque bien plus que d’autres ouvrages plus denses.
Chaque discours est une leçon pour nous occidentaux qui perdons les vraies
valeurs, et une invitation à revenir à une vie plus saine, plus respectueuse de
la nature, plus à l’écoute de notre environnement. Une lecture qui donne envie
d’aller se construire un tipi au fin fond des bois.
Guerrier nez-percé, photographie par E.S. Curtis |
« Enfant, je savais donner ; j’ai perdu cette grâce en devenant civilisé. Je menais une existence naturelle, alors qu’aujourd’hui je vis de l’artificiel. Le moindre joli caillou avait de la valeur à mes yeux ; chaque arbre était un objet de respect. J’admire aujourd’hui, avec l’homme blanc, un paysage peint dont la valeur est estimée en dollars ! »
Le recueil Folio ne comporte pas de photographies mais seulement les textes, très courts, qui se dégustent comme des bonbons au miel. La lecture est donc rapide mais intense.
Merci à Anna et aux éditions Folio pour cette bouffée d'oxygène.
Connais pas ce livre et malheureusemnt pas facile d`y avoir acces depuis la ou je vis mais, au rayon indiens nord-américains l`écrivain et grand voyageur francais contemporain Jean Raspail (un de mes écrivains préférés) a écrit les superbes "En canot sur les chemins d`eau du roi" (ici: http://jeanraspail.free.fr/bibliographie2j.htm#COMMENTAIRES), "Journal Peau Rouge" et "Les Peaux-rouges aujourd`hui".
RépondreSupprimerIl faut vraiment que je m'intéresse à Jean Raspail. Avec tout ce que vous en dites, il est entré dans les auteurs à découvrir d'urgence. J'ai aussi repéré à la médiathèque l'ouvrage " Le camp des saints" qui me tente vraiment beaucoup. L'avez-vous lu ?
SupprimerOui, je l`ai d`ailleurs mentionné dans un commentaire au sujet de "Notre ile sombre" (Christopher Priest). C`est le seul livre de science-fiction qu`ait écrit Raspail et malheureusement c`est de moins en moins de la science-fiction. Si quelqu`un veut découvrir Raspail, je recommande chaudement de commencer pas "Qui se souvient des hommes" (1986) http://www.bibliopoche.com/edition/Qui-se-souvient-des-hommes/50971.html
SupprimerAh mais oui voilà c'est celui-là ! Suis-je bête ! Je l'ai réservé. En revanche, ma médiathèque ne possède pas "Qui se souvient des hommes". Je vais essayer de le trouver d'occasion.
SupprimerExiste en édition de poche aussi, suffit de le commander chez le libraire du coin. Curieux qu`une bibliotheque publique ne l`ait pas car Raspail est un "auteur classique", qui plus est francais et ce livre est son chef d`oeuvre. Peut-etre l`ont-ils dans une autre bibliotheque.
SupprimerInutile de dire que ce titre me tente ^^
RépondreSupprimerC'est un très beau recueil, j'aimerais bien que les éditions Folio pensent à éditer les deux dernières parties de l'ouvrage original.
SupprimerJe connais le photographe par des reproductions de ces photos et c'est très beau et très riche; le recueil a l'air de l'être aussi ; c'est certain que la "civilisation" a détruit une belle philosophie.
RépondreSupprimerAaliz, tu t'étais inscrite pour la LC Les travailleurs de la mer. Je ne sais si tu as donné suite mais on publie le billet le 12 septembre si tu te joins à nous.
Oui la "civilisation" a commis beaucoup de crimes à vouloir s'imposer là où on n'avait pas forcément besoin d'elle.
SupprimerJe me joins toujours à vous pour la LC, je suis en pleine lecture et j'espère l'avoir terminé pour le 12. Je te tiendrai au courant. Merci Claudialucia ! :-)
Tu as des lectures différentes très intéressantes. Ca change de ce que l'on voit habituellement sur la blogosphère, c'est très sympa.
RépondreSupprimerMerci Yuko ! J'essaie de varier au maximum mes lectures et de sortir des sentiers battus. Il y a tant de belles lectures à découvrir en dehors des nouveautés et best-sellers ( même si je me laisse tenter parfois ! ).
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