dimanche 6 mai 2012

L'Idiot - Fédor Dostoïevski



J’étais au lycée quand j’ai lu pour la première fois un roman de Dostoïevski malgré les avertissements de mes parents sur la « complexité » de cet auteur.
Je me souviens avoir lu une version écourtée des Frères Karamasov dont je n’ai gardée aucun souvenir. En revanche, je me rappelle fort bien mes difficultés lors de ma tentative de lecture de Crime et châtiment. Je dis « tentative » car, bien sûr, je ne l’ai jamais achevée. La cause de cet abandon en revient à la quantité de personnages et surtout au fait que l’auteur utilise plusieurs noms différents pour un même personnage. Malgré la petite fiche que je m’étais confectionnée pour venir en aide à ma mémoire, j’en ai rapidement eu assez et j’ai interrompu cette lecture que je n’ai, jusqu’à maintenant, encore jamais reprise.
Et puis, récemment, sur l’insistance de ma moitié, j’ai pris la décision de renouer avec Dostoïevski. J’ai longtemps hésité quant au roman que je choisirai pour aborder de nouveau ce grand auteur. Mon choix s’est finalement porté sur L’Idiot suite aux conseils d’amies blogueuses et de critiques lues sur le net.

L’Idiot raconte les mésaventures du prince Michkine pas si idiot que ça. Le prince souffre d’épilepsie (tout comme l’auteur), maladie qui l’a longtemps handicapé dans sa jeunesse le privant d’une vie et d’une éducation normale. Elevé par un professeur philanthrope en Suisse, il revient dans son pays d’origine, la Russie, après le décès de son bienfaiteur, en vue d’y retrouver une lointaine parente et d’obtenir un héritage auquel il a droit.
Le prince fait alors son entrée dans la société. Intelligent, plein de bonté mais naïf, il fait les frais des bassesses de son entourage.

Le récit se découpe en 4 parties, chacune découpée en plusieurs chapitres. Chaque partie est relative à une période bien précise de l’intrigue.
Après une première partie très rythmée, pleine d’action et de rebondissements où Dostoïevski ne laisse pas de répit à son lecteur, l’enthousiasme retombe comme un soufflé dès la deuxième partie. Il faut attendre la toute fin du roman pour retrouver enfin le rythme du début. Autrement dit, plus de la moitié du roman a été pour moi assez fastidieuse.
Pourquoi ? Parce que, comme je l’ai dit, il ne s’y passe plus grand chose. L’intrigue traîne en longueur. On a le droit à de longues tirades et de longs dialogues parfois sans grand intérêt. Certains personnages, que j’ai pu trouver amusants au début, ont fini par me taper sur les nerfs. Je n’ai pas compris certaines des réactions des personnages, j’ai parfois eu l’impression qu’ils étaient tous complètement fous. Dostoïevski profite aussi de ces parties pour y exposer ses idées auxquelles, je le reconnais, je n’ai pas compris grand chose. Il s’attaque tour à tour aux libéraux, aux athées, au catholicisme et se livre à une critique de la société russe de son temps. Mes connaissances en histoire sociale de la Russie avant les révolutions de 1917 étant totalement nulles, je n’ai évidemment pas pu saisir toute la portée des critiques de l’auteur. A travers le personnage d’Hippolyte condamné par la maladie, de belles pages traitent de la condamnation à mort et de ce que peut ressentir un condamné dans les moments précédents son exécution. J’ai appris après ma lecture que Dostoïevski savait d’autant plus de quoi il parlait qu’il avait lui-même été condamné à mort et gracié juste avant que les soldats ne tirent.

Néanmoins, j’ai quand même perçu que le prince Michkine faisait figure de Christ prêchant toujours la bonne parole, réagissant toujours avec bonté, pardonnant tous les excès et toutes les vilenies qu’on a pu lui faire subir. Je craignais que cela finisse par m’exaspérer mais il n’en fut rien, au contraire, Michkine est très attachant et même s’il m’est arrivé de pester contre sa crédulité, je ne pouvais qu’admirer son immense propension au pardon et à l’amour de son prochain.

L’Idiot c’est aussi l’histoire d’un triangle amoureux. Michkine et Rogojine aiment tous deux la même femme : Nastassia Philippovna.
Là où Michkine représente la douceur et la tendresse, Rogojine incarne, lui, la passion et l’amour destructeur. Nastassia hésite entre ces deux conceptions de l’amour qui répondent l’une comme l’autre aux deux facettes antagonistes de sa propre personnalité.

J’ai finalement un ressenti assez sombre sur la plupart des personnages. Très peu m’ont paru sympathique en dehors du général et de son épouse (malgré qu’elle soit assez lunatique) et de Kolia. Tous les autres m’ont vraiment donné une impression négative. Est-ce pour mieux mettre en lumière les qualités du prince ? La bonté du Christ face à la bassesse humaine ?

Dostoïevski, ce sont aussi et surtout des dialogues et des introspections, les descriptions sont quasi inexistantes. Ne vous attendez donc pas à un classique façon Zola avec de longues descriptions poétiques.
Dans l’ensemble, j’ai trouvé ma lecture trop longue. J’ai aimé la force et la noirceur des portraits psychologiques des personnages de Dostoïevski mais, malgré un début trépident et une fin magistrale, il m’a manqué du rythme et de la fougue. Peut-être est-ce du à la traduction. En effet, j’ai lu L’idiot chez Folio. Or, la majorité des lecteurs de Dostoïevski s’accordent pour dire que la traduction de Markowicz aux Editions Actes Sud (collection Babel) est de loin la meilleure car elle est bien plus fidèle à l’âme et au style de l’auteur.
Peut-être me faudra-t-il une relecture dans cette collection pour mieux apprécier toute la puissance de cette œuvre.


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