Jonathan Harker, jeune notaire, est envoyé en Transylvanie pour rencontrer un client, le comte Dracula, nouveau propriétaire d’un domaine à Londres. A son arrivée, il découvre un pays mystérieux et menaçant, dont les habitants se signent au nom de Dracula.
Malgré la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu’éprouver une angoisse grandissante. Très vite, il se rend à la terrifiante évidence : il est prisonnier d’un homme qui n’est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres…
Mon avis :
Je connaissais Dracula de nom, je sais ce qu’est un vampire, je sais qu’ils ont les canines pointues, qu’ils n’aiment ni l’ail ni les crucifix, qu’ils n’ont pas de reflet dans le miroir, qu’ils dorment dans des cercueils etc… etc … La mode actuelle est aux vampires, on en mange à toutes les sauces. Sauf que bah voilà, je me suis rendue compte que malgré ça je ne connaissais pas du tout la véritable histoire de Dracula telle que Bram Stoker l’avait imaginée, celle qui a servi de source d’inspiration à nombre de producteurs et d’écrivains. Alors oui, l’histoire du jeune homme enfermé dans le château me disait bien quelque chose, je pensais même que toute l’histoire se passait dans ce fameux château. Eh bien non ! Pour ne pas trop en dire, je résumerais le tout à une chasse au vampire de l’Angleterre à la Transylvanie.
J’ai eu un peu peur lorsque j’ai ouvert le roman et que j’ai réalisé que j’avais à faire à un roman épistolaire. Ce genre n’est pas trop ma tasse de thé. Mais heureusement, Bram Stoker ne s’est pas contenté de lettres mais aussi d’extraits de journaux intimes, de coupures de presse et de quelques lettres. Finalement, le tout est bien construit, Stoker nous raconte une même histoire en alternant les points de vue des différents personnages, nous fait partager leurs réflexions, leurs doutes, leurs peurs.
En parlant des personnages, concernant le comte Dracula, on est très loin du cliché moderne du vampire hollywoodien romantique à la gueule d’ange qui fait tomber en pamoison toutes les minettes qu’il croise. Enfin un méchant qui a une gueule de méchant ! Ah oui parce que oui ! Dracula est un méchant et non pas un vampire super héros à la Twilight.
En revanche, j’aurais aimé que son personnage soit plus présent et plus développé, qu’on en apprenne plus sur lui, sur comment il est devenu vampire etc… Bon c’est vrai que le mystère autour de son personnage accentue les effets d’angoisse ( on a plus peur de ce qu’on ne connaît pas).
Concernant les autres personnages, je n’ai rien de spécial à dire à part que le docteur Van Helsing devient franchement saoulant à la longue avec ses discours philosophiques de 3 pages qui n’apportent pas grand chose à l’intrigue. D’où quelques longueurs même si j’ai apprécié la réflexion qu’il développe sur le fait que notre perception de la réalité basée uniquement sur nos sens ne peut être qu’une partie de la réalité, que nous ne pouvons expliquer rationnellement tous les phénomènes.
Je reste admirative néanmoins sur le travail qu’a du fournir Stoker pour l’écriture de ce roman. Car en effet, tout n’est pas sorti de son imagination, la figure du vampire et du mort-vivant est très ancienne, on la retrouve dans l’Antiquité et surtout au Moyen-Age et à l’époque moderne. Stoker s’est basé sur d’anciens témoignages et je pense notamment à l’étude d’un chirurgien militaire autrichien chargé d’enquêter en 1732 sur des cas de vampirisme en Serbie. Il examine 17 corps et constate que la plupart d’entre eux ne suivent pas le processus naturel de décomposition des corps et sont intacts malgré qu’ils aient été enterrés depuis déjà un certain temps. Notre médecine moderne sait à présent expliquer ce genre de phénomène mais à l’époque le fait était assez troublant pour encourager les croyances populaires.
Pour en revenir au roman, j’ai lu quelque part une analyse intéressante. Dracula serait une éloge de la modernité et des progrès scientifiques de l’époque. En effet, ce sont grâce aux nouveaux moyens scientifiques modernes que nos héros ont pu rattraper le comte. Par exemple, le développement des chemins de fer et du train a permis à nos personnages de voyager à travers l’Europe par voie terrestre et d’arriver bien avant le comte qui a choisi la voie maritime. Il faut avoir à l’esprit qu’avant la Révolution Industrielle, la voie terrestre était très peu utilisée : routes en mauvais état, moyens de transport restreints à l’usage des chevaux, dangerosité, nombreux péages, ce qui ralentissait considérablement le voyage. Ainsi le personnage de Dracula et sa région représenteraient l’ancien monde d’avant les progrès techniques alors que l’Angleterre et nos chasseurs de vampire symboliseraient le monde moderne. On n’oublie pas non plus qu’à cette époque, la Grande-Bretagne était la première puissance mondiale. La victoire sur Dracula serait donc la victoire de la science sur l’inexplicable, l’étrange. Mais ça me paraît un peu en contradiction avec les réflexions du Dr Van Helsing …
J’ai trouvé le style de Bram Stoker très agréable dans le pur style du XIXème siècle, ses descriptions sont très belles et contribuent parfaitement à la création d’une atmosphère tendue et angoissante. Le seul reproche que j’aurais à formuler, c’est cette fin que j’ai trouvée un peu … abrupte, c’était un peu trop rapide à mon goût.
En conclusion, j’ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture, la beauté du style, l’originalité de la construction et de l’intrigue. On comprend pourquoi Dracula a eu un tel succès à son époque et encore de nos jours. Comme quoi, il est vraiment immortel.
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