Déjanté, loufoque, complètement barré, voilà ce qu’est Pulp, dernier roman du grand Buck. Mais attention, ne vous attendez pas à de la grande aventure. Le résumé est alléchant mais ça reste du Bukowski. Et comme il le dit lui-même, Pulp n’est qu’une parodie de roman policier qu’il dédie à la littérature de gare. C’est tout dire. En conséquence, les péripéties de notre détective en or ne sont pas le plus intéressant.
Ecrit alors qu’il était très malade et se savait condamné, Pulp reflète l’état d’esprit dans lequel se trouvait Bukowski à cette époque de sa vie. L’ombre de la mort si proche plane sur tout le roman et Buck porte un regard d’ensemble acéré sur le sens de la vie. En résultent de nombreux passages assez pessimistes mais pourtant plein de lucidité.
« L’homme est né pour mourir. Impossible de nier l’évidence. On se rattache à tout ce qui passe et on attend. On attend le dernier métro. On attend une paire de gros nibards dans une chambre d’hôtel, une nuit d’août à Las Vegas. On attend que les poules aient des dents. On attend que le soleil baise la lune. Et en attendant, on se raccroche à n’importe quoi. »
« Quelle invention diabolique que les dents ! On s'en sert pour manger. Manger et remanger. Nous sommes vraiment des êtres répugnants, programmés pour nous épuiser, notre vie durant, à accomplir de sordides petites tâches. Se remplir le ventre et lâcher des pets, nous gratter l'échine et nous souhaiter de joyeuses fêtes avec le sourire de circonstance. »
«Depuis le seuil, je jetai un œil sur le club-house. Juste une belle brochette de vieux friqués. Comment avaient-ils fait ? Et de combien d’ailleurs avons-nous besoin ? Car, finalement, toute cette thune, on en fait quoi ? Tous, nous allons casser notre pipe, et néanmoins la plupart d’entre nous s’esquintent la santé à grappiller deux, trois biffetons de plus. Un jeu de débiles. Pouvoir encore enfiler ses chaussures chaque matin que Dieu fait, n’est-ce pas la plus grande des victoires ? »
Bref, on y retrouve bien la patte Bukowski et les éléments qui ont fait son univers, alcool, femmes, mais aussi la littérature avec quelques clins d’œil à ses auteurs préférés comme Fante et bien sûr Céline.
Voilà, 3ème roman que je lis de cet auteur et il m’a encore surprise et conquise.
C'est un roman à part dans son œuvre, plus fictionnel que le reste. Quoique, disons qu'il a inversé son procédé habituel. Il a imaginé une histoire dans laquelle il a mis de sa vie, alors que d'habitude il prend sa vie qu'il enjolive, démultiplie dans le domaine des femmes, alcool...
RépondreSupprimerJolie chronique.
Merci :-) On va dire alors que je préfère quand même ses romans plus autobiographiques. En tout cas, c'est à Buk que je dois de m'être enfin décidée à lire Céline. Et depuis, je ne jure que par lui !
SupprimerJe n'ai jamais lu Céline. Je dois avoir voyage au bout de la nuit et casse-pipe et je n'ai lu ni l'un ni l'autre. Tu me les conseilles donc ?
RépondreSupprimerOh que oui ! Et si tu aimes les dialogues de Michel Audiard alors tu auras plus de facilités avec le style de Céline ( Audiard était un grand fan et s'est largement inspiré du style célinien, d'ailleurs la première fois que j'ai lu Céline je me suis dite que ça sonnait comme du Audiard, bon, en fait, c'est l'inverse). "Casse-pipe" fait partie des récits de Céline où son style est le plus marqué, comme "Guignol's Band" que j'ai dû mettre en pause car c'est assez lourd à force. Mais "Casse-pipe" est très court ( une centaine de pages) donc ça passe bien et ça te donnera un aperçu. Surtout qu'il y a des passages à mourir de rire ! Céline est très drôle.
SupprimerEt sinon, tu peux faire comme moi et commencer par le Voyage, le style est beaucoup moins prononcé et c'est vraiment un grand roman. Mais je lui préfère quand même "Mort à crédit", un chef d'oeuvre !
Je range donc dans un coin de ma tête qu'il faut que je le lise.
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