Sarah Cohen-Scali donne alors la parole à Max que l’on suit depuis sa naissance au sein d’un Heim, sorte d’usine à bébés nazis jusqu’à l’arrivée des alliés à Berlin. Relaté à la première personne, le récit place son lecteur dans la tête du jeune Max lui faisant profiter de toutes ses pensées. Le ton est froid, dénué de sentiments et parfois vulgaire.
Si le procédé est sympathique, il comporte néanmoins quelques défauts. Sarah Cohen-Scali prend le parti de faire de son personnage un être insensible et ce, dès ses premiers instants. Ce qui amène l’idée d’un être foncièrement mauvais par nature. J’avais plutôt imaginé la progressive influence des idées nazies sur un jeune esprit innocent et la lente formation d’une personnalité agressive et cruelle mais ce n’est pas le cas. Le gène du mal semble être implanté dès la conception qui n’est ni plus ni moins qu’un viol programmé.
Les dessous du processus Lebensborn nous sont donc progressivement dévoilés dans toute leur monstruosité : viols, assassinats des enfants non conformes et des mères récalcitrantes, enlèvement des enfants dans les pays conquis. Car les nazis ne se sont pas contentés de leurs propres bébés fabriqués, des opérations étaient aussi orchestrées pour aryaniser les enfants étrangers.
Max devient rapidement le prototype parfait de la race suprême et bénéficie de traitements de faveur. Il intègre les écoles des jeunesses hitlériennes et c’est lors de son passage dans l’une d’elle qu’il croise la route de Lukas. Ils ne se quitteront plus jusqu’à la défaite allemande.
Là aussi, l’auteur détaille la vie quotidienne de ces écoles de l’élite nazie chargées de faire de ces chères têtes blondes les futurs cadres des SS et de l’armée. La fin du récit nous plonge dans un Berlin en décombres où le peu d’habitants qui restent tentent de survivre.
Max est donc un roman intéressant même si j’ai déploré la vulgarité du ton. Etait-ce pour exacerber le caractère violent et fanatique du personnage ? Probablement. J’ai trouvé aussi notre bambin étrangement perspicace. Il comprend aisément des choses sans qu’on les lui explique, ce que j’ai trouvé difficilement crédible quand on pense aux couleuvres Père Noël et petite souris qu’on fait avaler aux enfants. L’auteur lui attribue des pensées et des raisonnements qui sont peu compatibles avec ceux d’un enfant de 5-6 ans quand bien même il serait surdoué.
Certains passages sont un peu répétitifs voire téléphonés. En fait, j’ai pris bien plus de plaisir à ma lecture à partir de la deuxième moitié et de la rencontre de Max avec Lukas ( personnage inspiré de Solomon Perel ).
Malgré ses quelques défauts, j’ai grandement apprécié cette lecture. L’ouvrage est documenté, clair, écrit dans un style fluide. J’ai apprécié la note de l’auteur précisant ses sources et la part de romancé et de véridique dans son roman.
Au final, l’adulte n’y apprendra peut-être pas grand chose ( quoique …) mais je pense que ce roman reste très instructif pour les ados.
Pour continuer sur le sujet :
Un film sur les Napolas ( les écoles d’élite des jeunesses hitlériennes ) :
http://www.youtube.com/watch?v=rn9togC_FY8
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