Le narrateur récupère, lors de la vente aux enchères des biens d’une célèbre courtisane parisienne Marguerite Gautier, un exemplaire du roman de l’abbé Prévost Manon Lescaut. En le feuilletant, il y trouve une dédicace faite à Marguerite par un certain Armand Duval.
Ce même Armand Duval se présente peu de temps après la vente au domicile du narrateur afin de lui racheter le livre. A cette occasion, Armand lui fera le récit de son histoire avec Marguerite.
Mon avis :
Voilà une des histoires romantiques les plus célèbres car non seulement elle a donné lieu au roman dont il est question ici mais également à une pièce de théâtre et aussi au tout aussi célèbre opéra de Verdi : La Traviata. Adapté également de nombreuses fois au cinéma, ce grand classique ne pouvait pas manquer plus longtemps à ma culture littéraire.
Ce qui m’a surprise en premier lieu lors de cette lecture, ce fut sa grande simplicité dans le style d’écriture. Ici, on ne rencontre point de longues descriptions s’étalant sur des pages et effrayant bon nombre de lecteurs. Le roman est d’ailleurs assez court et se lit très vite car tout est concentré sur l’intrigue et les sentiments des personnages.
On rentre donc très rapidement dans le vif du sujet.
Ce n’est pas pour rien qu’Alexandre Dumas fils fait lui-même référence, dans son texte, à un autre grand classique de la littérature française : Manon Lescaut. Car il existe, en effet, certaines similitudes entre ces deux romans dont la première est la construction.
Tout comme dans le récit de l’abbé Prévost, La Dame aux Camélias utilise le procédé du récit dans le récit. Le lecteur fait donc tout d’abord connaissance avec le narrateur dont il ne sait finalement pas grand chose et dont il ignore même le nom. Et c’est à travers ce narrateur que le lecteur apprend petit à petit l’histoire de la relation tragique entre Armand et Marguerite.
Nous voici avec un deuxième point commun avec Manon Lescaut : les personnages. Armand, tout comme Des Grieux, est profondément épris d’une courtisane.
Pourtant, là où j’ai beaucoup douté des sentiments de Manon pour Des Grieux, ceux de Marguerite envers Armand sont plus clairs même si je reconnais avoir eu à un endroit un léger soupçon mais très vite dissipé.
Le début du roman m’a beaucoup rappelé Un amour de Swann de Proust dans lequel Proust détaille en profondeur les sentiments de jalousie de Swann à l’encontre d’Odette. Le jeu du chat et de la souris auquel se livrent Odette et Swann est identique à celui d’Armand et Marguerite. Les sentiments (jalousie des hommes) et les comportements (dédain des femmes) des personnages sont similaires. Les scènes se ressemblent aussi comme celle où Armand/Swann guette le retour chez elle de Marguerite/Odette.
Le parallèle entre les deux couples s’arrête là car le duo Armand/Marguerite évolue bien différemment de son « presque reflet » proustien.
La relation entre Marguerite et Armand m’a profondément touchée et émue. Alexandre Dumas a merveilleusement exprimé les pensées et sentiments de ses personnages et d’Armand en particulier.
Savoir qu’en plus, cette histoire est basée sur du réel puisqu’Alexandre Dumas s’est inspiré de sa relation avec Alphonsine Plessis, n’a fait qu’ajouter au réalisme tragique du récit, de quoi vraiment me bouleverser.
Je me suis de plus beaucoup reconnue dans la réaction d’Armand, dans son désir de vengeance. C’est fou comme l’amour, quand il est passionné, peut atteindre des extrêmes, tant dans la passion elle-même que dans son exact contraire : la haine.
Avec La Dame aux Camélias, j’ai senti une proximité et un attachement à Armand et Marguerite alors que je n’avais éprouvé que de l’antipathie à l’égard de Des Grieux et Manon.
Le dénouement est aussi tragique que dans Manon Lescaut où il m’avait bien fallu ça pour éprouver enfin un peu de compassion pour les personnages.
Finalement bien que l’intrigue ne soit pas particulièrement originale (puisque certains des aspects sont régulièrement repris dans nombre de romans ou films sentimentaux), la force et la justesse des sentiments, le réalisme de l’histoire font que ce classique restera un de mes très bons souvenirs de lecture.
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