Effectuer quelque chose à l’insu de soi-même, c’est ce que nous faisons tous chaque jour. Mais reste à savoir si cet « à l’insu de » est une condition nécessaire et quasi suffisante pour que ce quelque chose soit fait. L’image la plus simple de cette réalité complexe est tout entière illustrée par une devinette attribuée à Léonard de Vinci : « Qu’est-ce qu’on cherche sans le trouver ; qu’est-ce qu’on trouve sans le chercher ? – Le sommeil. »
Ou encore – et cette fois c’est Stendhal qui formule l’idée : vouloir-être-naturel est impossible. Être naturel, c’est être naturel sans vouloir l’être – stratégie oblique de la volonté.
Ainsi, certaines choses ne peuvent se réaliser qu’à l’insu du sujet, et non en toute conscience. Par rapport à l’inconscient, il y aurait donc une certaine positivité du non-conscient, que l’on peut essayer paradoxalement de penser, voire de favoriser. L’insu est pris entre le penser et le vivre. C’est l’enjeu de ce livre.
Mon avis :
Bien que ce soit un livre de philosophie, L’Insu de Pierre Sauvanet est construit de façon à rendre la lecture fluide et aérienne.
Il se présente en 4 parties sous la forme d’une succession de courts paragraphes numérotés qui ne sont pas sans rappeler les aphorismes de Nietzsche.
Bien que l’auteur précise dans la vidéo jointe à ce billet que la lecture dans l’ordre n’est pas obligatoire, j’ai trouvé qu’elle était quand même nécessaire afin de ne pas perdre le fil.
Cet ouvrage se veut donc une réflexion sur l’Insu, terme que l’on emploie que dans le cadre de l’expression rendue célèbre « faire quelque chose à son insu ».
Je ne suis pas sûre d’avoir tout bien compris étant novice en philosophie. Les références à certains grands penseurs et à leur pensée m’ont d’ailleurs gênée. J’ai un peu déploré le changement de style intempestif tout au long de l’ouvrage. Parfois, certains passages étaient tout à fait limpides, écrits dans une langue claire et simple, utilisant des exemples concrets de la vie quotidienne. Mais d’autres sont plus obscurs, font référence à des notions philosophiques et psychologiques que je ne maîtrise absolument pas. Les quelques essais de style de l’auteur (jeux de mots …) m’ont aussi parfois agacée.
Malgré ces quelques bémols, j’ai pris plaisir à cette lecture par les réflexions qu’elle soulève sur toutes sortes de sujets et pas seulement sur l’Insu.
Ce que j’ai retenu et compris de ma lecture en quelques mots : l’insu englobe tout ce que l’on fait sans en avoir conscience, nos réflexes et nos automatismes. Lorsque je respire, je ne pense pas à inspirer et expirer à chaque fois. Cela se fait naturellement. L’insu, c’est donc ce qui nous permet de faire un tas de choses sans avoir besoin d’y penser. L’insu nous soulage de beaucoup de pensées « parasites ». Imaginez que vous soyez obligé de penser chacun de vos gestes et de vos actes. Imaginez-vous en train de marcher et de penser au fait qu’il vous faut mettre un pied devant l’autre. Mais l’insu, ce n’est pas l’oubli et ne peut se baser que sur le su. On ne peut pas faire inconsciemment quelque chose que l’on ignore.
« L’insu, ce n’est pas souffrir dans tout son être d’un manque neurologique, c’est consciemment faire le vide pour vivre pleinement. »
Je pense toutefois qu’il me sera nécessaire de relire ce livre une deuxième fois. Beaucoup de choses m’ont échappé.
En tout cas, il m’a donné à réfléchir et m’a donné envie de me mettre sérieusement à la philosophie. Ne serait-ce que pour connaître au minimum les grands philosophes et les grandes lignes de leurs idées.
https://www.youtube.com/watch?v=0xtzKl_SmGg
Je remercie beaucoup Ys et le site News Book ainsi que les Editions Arléa pour cette intéressante invitation à la réflexion.
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