L'Allemagne nazie vit ses derniers jours.
Maria fuit la capitale, tombeau de son fils Gregor. Dans la foule des réfugiés, sa main saisit celle d'un petit garçon : elle nommera l'orphelin du nom de son enfant défunt. Cet héritage va hanter le garçon sa vie durant et le jeter sur les routes de l'Europe. Persuadé d'être juif, il quitte sa famille adoptive, en quête de ses véritables origines...
Mon avis :
C’est à une véritable réflexion sur l’identité individuelle que nous invite Hugo Hamilton à travers ce roman.
Qu’est-ce qui constitue notre identité ? Nos origines sont-elles si importantes pour la construction de notre individualité ?
Pour Gregor, personnage principal de ce récit, la réponse est oui. Le doute sur ses origines le hantera toute sa vie au point de mettre son couple et les relations avec son fils en péril.
Gregor se cherche, s’invente (ou pas) une origine basée sur les dires d’un vieil ami de la famille. Marqué par une enfance difficile, souffrant de l’absence de sa mère adoptive contrainte de travailler pour subvenir à leurs besoins jusqu’au retour du père du front, élevé de façon stricte par ce père traumatisé par son expérience de la guerre, Gregor n’a que peu connu l’amour et n’a pu, de ce fait, que se sentir étranger à ces gens qui se prétendaient ses parents.
On suit donc la vie de Gregor à travers des flashbacks, on aperçoit son enfance, son adolescence, sa rencontre avec sa femme. Mais on est également plongé dans des récits d’une extrême dureté, la guerre, le front, les exodes des réfugiés, les exactions commises par les soldats ennemis sur la population civile.
Etrangement, j’ai ressenti peu d’émotions pendant la première moitié du livre. J’ai trouvé que tout était raconté avec tant de froideur que je ne parvenais pas à me sentir touchée. Puis d’un coup, tout s’est accumulé, la noirceur m’a sauté au visage et j’ai terminé ma lecture en apnée.
J’ai lu ce livre en 2 jours complètement happée et bouleversée par l’histoire de Gregor qui va jusqu’à s’inventer une vie et mentir à son épouse et ses amis.
Alors je me suis demandée comment j’aurais réagi à sa place, si je découvrais que mes parents ne sont pas mes vrais parents et que j’ignore absolument tout de l’identité de mes véritables géniteurs et même de l’endroit d’où je viens.
Est-il possible de se construire réellement et solidement avec un tel manque ?
« Chacun a besoin d’une identité, d’un masque, d’une histoire dans laquelle se sentir chez soi, d’une route à suivre. Avec le corps de survivant qui était le sien, Gregor avait réussi à se construire une assez bonne vie. Après tout, ne faisait-il pas bon usage du nom que sa mère lui avait donné, quand bien même ce nom l’éloignait de ses origines ? Qu’il habite ou non l’âme d’un enfant mort, il habitait une âme. Une âme qu’il avait faite sienne. En quoi différait-il de ses semblables ? Ne sommes-nous pas tous en partie inventés ? Êtres vivants et fantômes à la fois. A la fois réels, et inventés. Existant principalement dans le regard des autres – sa famille, ses amis, ses concitoyens. Lui aussi revendiquait une place dans leur imagination. Lui aussi était demi-échec et demi-succès. Individu doté d’une histoire complexe qui tenait peut-être à de la fiction, à laquelle il avait envie de croire, plutôt que de croire à une biographie imposée. »
Comme personne est donc un roman très fort, très profond, réfléchi et qui marque. Et en plus, j’y ai appris des choses (et vous savez comme j’aime ça !).
D’ailleurs, je vous propose un petit jeu : savez-vous quel est l’objet représenté sur la photo ci-dessous ?
Pour avoir la réponse, je vous invite fortement à lire Comme personne de Hugo Hamilton (mais pas seulement pour ça non plus hein ?)
Et pour les impatients, un petit indice ici.
Je remercie infiniment le site Partage Lecture ainsi que les Editions Points pour m’avoir accordé leur confiance et attribué ce partenariat et donc de m’avoir ainsi permis une si belle découverte. Je lirai sans aucun doute les autres romans de Hugo Hamilton.
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