Couronné par le prix Interallié en 2007, Birmane racontait une folle histoire d’amour entre un jeune homme naïf, une médecin humanitaire, et un pays à la beauté hypnotisante : la Birmanie. Sur fond de paranoïa, de pierres précieuses, d’opium et de nuits fauves, cette aventure palpitante plongeait le lecteur au cœur du plus fascinant pays d’Asie.
Quelques semaines après la parution, des milliers de moines défiaient la dictature. Et « The Lady » Aung San Suu Kyi devait ensuite recouvrer la liberté.
Quatre ans plus tard, la démocratie ne règne pas pour autant sur le pays aux dix mille pagodes. Et l’histoire de César et Julie pourrait encore se passer aujourd’hui.
Mon avis :
Mon sentiment sur cette lecture est mitigé.
Je l’ai aimé pour le contexte et le cadre que l’auteur maîtrise bien : la Birmanie. Grâce à son expérience de reporter, Christophe Ono-dit-Biot nous offre un aperçu de ce pays malheureusement très méconnu et oublié des pays occidentaux. Oh bien sûr, le film récent de Luc Besson a le mérite de nous rappeler la terrible situation politique que connaît la Birmanie. Mais on en parlera pendant combien de temps ?
Alors voilà, je l’avoue, avant de lire Birmane, je ne connaissais rien à la Birmanie et je suis donc un parfait exemple de l’amnésie collective voire l’ignorance (tel était mon cas) qui semble frapper nombre de nos concitoyens (et autres) concernant ce pays.
Grâce à ce roman, j’ai donc fait connaissance avec ce coin d’Asie, une partie de son Histoire, ses incroyables et fascinants paysages et monuments, le sourire de sa population malgré la dictature, le climat de peur ambiant, la violence, la drogue, les exactions, les viols et les massacres des ethnies qui refusent de se soumettre au pouvoir militaire birman.
Pour ce qui est de l’histoire en elle-même, c’est là que le bât blesse.
Je n’y ai pas cru un seul instant. Je suis peut-être un peu trop terre-à-terre mais j’ai besoin, pour entrer complètement dans un récit, de le trouver un minimum plausible. Or j’ai trouvé ça digne d’un film à grand spectacle hollywoodien. Le monsieur tout le monde bien franchouillard qui a envie d’une vie plus trépidante que la sienne et qui va jouer tantôt les James Bond tantôt les Indiana Jones sous la dictature, excusez-moi mais ça ne passe pas du tout !
Je n’ai pas du tout aimé ce personnage principal. Je l’ai trouvé franchement immature, pas très futé et un peu trop porté sur la Chose. Oui parce que quand monsieur est amoureux d’une fille, chez lui ça se réduit au physique et au sexe. Et ça, ça m’a beaucoup énervée ! « Une folle histoire d’amour » disait la 4 de couv … désolée, mais pour ma part, je n’ai pas vu d’amour dans cette histoire, ça manquait vraiment de profondeur, de poésie et de sentiments. C’est peut-être aussi pour ça que je n’y ai pas cru du tout. De plus, ils se mentent, ne se livrent pas complètement. A plusieurs reprises, César ne reconnaîtra pas cette Julie qu’il a idéalisée. Il fait une obsession sur une image d’elle complètement illusoire.
Et quant à la demoiselle, alors là, c’est encore pire …
Et à partir d’ici, attention je spoile !
Il n’y avait vraiment que le personnage principal (prénommé César … quel affront !) pour ne pas s’être douté de l’identité de Wei-Wei. Et là, j’ai vraiment été choquée. Ça m’a fortement rappelé ce cliché, maintes fois exploité au cinéma et en littérature, de l’occidental se faisant passer pour un dieu auprès d’une tribu d’indigènes. Donc notre chère Julie alias Wei-Wei joue les héroïnes et prend en main la lutte de sa tribu contre les vilains militaires birmans. On la voit dans ce nouveau rôle à la fois violente et sans pitié, elle inspire même la crainte à « son propre peuple ».
J’ai quand même lu le livre jusqu’à la fin avec le fol espoir que celle-ci serait assez surprenante pour rehausser un peu mon ressenti global mais non … Là encore déception, on ne sait pas ce que deviennent les personnages, si César a pu accomplir la mission que Julie lui avait confiée c’est-à-dire « promouvoir » l’action de Wei-wei et ainsi sensibiliser l’opinion publique occidentale à la situation en Birmanie. Et on ne sait pas plus ce que devient Julie. Donc sentiment d’inachevé, de « tout ça pour rien ».
Fin de spoiler !
Pour conclure, je dirais que ce livre est à lire surtout pour son côté documentaire. Pour le côté romanesque, les amateurs de longs métrages à sensations ou ces dames à tendance fleur bleue-Harlequin pourront probablement se régaler. N’appartenant à aucune de ces deux catégories, j’ai été soulagée d’en terminer avec ce roman.
C’est dommage parce qu’il y avait vraiment matière à faire un magnifique roman bien étoffé. J’aurais voulu être plus plongée au cœur du quotidien de la population, avoir plus de descriptions des paysages et des modes de vie, j’aurais vraiment voulu ressentir la moiteur, l’atmosphère des lieux.
Toutefois, si l’objectif de Christophe Ono-dit-Biot était justement, à l’image de son personnage, de faire connaître la Birmanie à travers son récit, alors dans ce cas, l’objectif est atteint et c’est déjà une belle réussite !
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