dimanche 9 novembre 2014

Trois oboles pour Charon - Franck Ferric



J’adore la mythologie grecque ! D’ailleurs, il faudra bientôt que je vous parle d’un livre absolument génialissime sur le sujet.
Dans celui dont il est question ici, Franck Ferric nous propose une version revisitée d’une des nombreuses légendes composant la mythologie grecque. Je ne vous dévoile pas de laquelle il s’agit et je vous conseille de ne pas lire la 4ème de couverture qui a le grand tort d’annoncer le nom du principal protagoniste. J’aurais trouvé beaucoup plus amusant d’essayer de le deviner par moi-même tout comme ce protagoniste amnésique qui cherche à découvrir son identité.

Dans l’ensemble, je n’ai pas été complètement séduite par ce roman. Pourtant, il est admirablement bien écrit. Le style est recherché, très travaillé, parfois poétique. Ce qui détonne plutôt avec le contenu, violent, sanglant. Notre mystérieux personnage principal traverse les âges et, pour ces nombreux passages sur Terre, le voilà à chaque fois plongé en pleine guerre. Je me suis d’ailleurs amusée à tenter de reconnaître de quelle guerre ou bataille il s’agissait. L’issue est toutefois toujours la même, notre personnage y laisse la vie et se retrouve sur les rives du Styx en compagnie de Charon qu’il assaille de questions afin de comprendre ces incessants va-et-vient entre la vie et la mort.

Je ne peux vous en dire plus sans spoiler. Mais ce roman m’a plutôt laissée perplexe. Je n’ai pas vraiment compris ce que l’auteur a voulu dire. Cherchait-il à démontrer l’absurdité de l’existence de l’humanité condamnée à reproduire inlassablement les mêmes erreurs encore et encore comme si elle perdait le souvenir de ses fautes et ne pouvait en tirer des leçons ? Cherchait-il à montrer l’absurdité des croyances en des prétendues divinités découragées qui semblent avoir, au fil des siècles, abandonné leurs protégés à leur entêtement et leur bêtise ? Ou tout simplement à pointer du doigt le fait que les hommes n’ont pas besoin d’eux et que certains savent très bien gérer leur vie et ses aléas sans avoir recours à une entité supérieure ? Mais autant dire que l’être humain n’a pas le beau rôle dans ces pages où tous ces vices sont mis en avant.

Bref, j’ai fermé ce livre avec ces questions. Le côté répétitif des passages sur Terre de notre personnage et la véritable identité du personnage central semblent appuyer mes suppositions.( Et puis c’est souvent ainsi que la légende originale est interprétée). Malheureusement, le procédé, bien qu’original, devient assez lassant à la longue et j’avais hâte d’en finir. La fin est amère, sans espoir et il en ressort une espèce de mélancolie ajoutée à l’incompréhension qu’elle m’inspire.

En résumé, la première moitié du roman est très bonne. On est sous le charme de la plume délicate de Franck Ferric et on découvre cet univers qui nous fait côtoyer de près quelques heures sombres de l’Histoire. J’y ai même appris des choses.
Mais le récit, dans la deuxième partie, s’essouffle et l’intérêt du lecteur avec. C’est dommage d’autant plus qu’il interroge sur de nombreux thèmes : la mémoire, l’identité, le sens de la vie, nos croyances etc… et que son contexte historique est bien documenté et retranscrit. En tout cas, voilà un auteur français très prometteur.

« Maintenant que j’en étais réduit à me briser l’échine pour du vent, j’éprouvais une certaine compassion pour ces hommes et ces femmes que j’avais si longtemps déconsidérés ou malmenés. Pas plus que la mienne, leurs vies n’avaient eu de sens. Et je me sentais subitement assez confus d’avoir tant méprisé ceux qui n’avaient pas eu assez de moyens pour se révolter contre ça. A la fin de leur vie, sentant la mort arriver, avaient-ils eu le temps de mesurer la valeur de leur vécu à l’aune des images laissées par leurs souvenirs ? S’étaient-ils posé cette question qui me taraudait depuis des jours : à quoi bon tout cela ? Avaient-ils jugé que malgré l’absurdité de leurs existences, celles-ci avaient malgré tout valu le coup d’être vécues ? »
Merci aux éditions Denoël pour la découverte.

Trois oboles pour Charon - Franck Ferric
Editions Denoël - collection Lunes d'encre
301 pages
Parution : 16/10/2014



8 commentaires:

  1. Comme toi, j'aime beaucoup la mythologie... alors forcément, je note ce titre, même si tu n'as pas été totalement conquise. A prendre en biblio pour moi ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as raison de noter, ce roman a du potentiel et j'espère qu'il te plaira !

      Supprimer
  2. Dommage, vraiment dommage. Mais je vais me fier à ton avis et passer mon tour, je préfère attendre ton prochain coup de cœur ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mon prochain coup de coeur ne va pas tarder mais je ne sais pas si tu noteras car ... 900 pages ! ^^

      Supprimer
  3. Je passe mon tour car vraiment tu n'es pas assez enthousiaste, mais j'adore l'idée de départ, vraiment, l'idée d'un type voyageant dans les conflits du monde en y mourant à chaque fois est assez géniale.
    (par contre, était-il nécessaire de faire une telle première de couv franchement ?)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as raison, l'idée était bonne mais je pense que ça aurait été bien de ne pas se cantonner uniquement à la guerre parce que ça faisait vraiment répétitif à force. Même si bon ... c'était justement l'objectif, de montrer que les erreurs se répètent encore et encore.
      La couverture colle bien au contenu mais c'est vrai qu'elle n'est pas très attirante ! ;-)

      Supprimer
  4. Je ne savais pas que tu étais lectrice Denoël. J'ai failli choisir "trois oboles" mais pas manque de temps je n'ai pris que "Mademoiselle B." Pour cette session qu'as tu choisi?
    Je ne te vois plus sur LA. :(

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Eh oui je fais aussi partie des chanceuses partenaires de Denoël. Cette session ne me tentait pas vraiment alors j'ai demandé à profiter d'un autre livre de la sélection précédente et j'ai choisi "Le Puits" d'Ivan Repila.
      Je ne vais plus sur LA effectivement. Je suis sur Babelio, Facebook, Twitter, en plus du blog, ça fait déjà beaucoup. J'avais l'impression de ne faire que répéter partout la même chose donc j'ai arrêté LA.

      Supprimer