Ainsi résonne l’écho infini des montagnes nous raconte l’histoire de 3 enfants demi-frères et sœurs séparés très tôt. On suit le destin de chacun tout au long de leur vie mais à travers l’histoire de personnages tiers.
Le roman s’ouvre sur un conte afghan qui annonce les événements à venir. Suivent ensuite 5 parties toutes relatives à l’histoire d’un personnage particulier par le biais duquel Khaled Hosseini nous offre des informations sur nos protagonistes principaux.
C’est donc à l’image de la vie de Pari et Abdallah, deux frères et sœurs très tôt arrachés l’un à l’autre, que Khaled Hosseini construit et ordonne son récit.
« Mais c’est important de connaître tes racines et l’endroit où tu as commencé à exister en tant qu’être humain. Sinon, ta vie paraît irréelle. Pareille à un puzzle. Tu comprends ? Comme si, après avoir raté le début d’une histoire, tu te retrouvais soudain au milieu, à essayer de tout démêler.
J’imagine que c’est ce que ressent Baba ces jours-ci. Une vie parsemée de trous. Tous les jours une histoire déroutante, un puzzle à reconstituer à grand-peine. »
Donc petit conseil : ne vous attachez pas dès le début aux personnages. C’est l’erreur que j’ai commise influencée par ma lecture récente des Cerfs-volants de Kaboul. Je m’attendais à une narration d’un genre identique où l’on suit un même personnage tout au long du roman. Mais ici Khaled Hosseini a procédé tout autrement.
On voyage ainsi en Afghanistan bien sûr mais aussi aux Etats-Unis, en Inde, en Grèce, en France. Et derrière ce semblant de diversité, les mêmes préoccupations, les mêmes thèmes de réflexion reviennent, abordés tour à tour sous un angle différent.
Tout comme dans Les cerfs-volants de Kaboul, on retrouve le thème des relations fraternelles : de l’attachement avec Abdallah et Pari mais aussi de la jalousie comme l’illustrent les rapports entre Parwana et Masooma ou encore les deux cousins Timur et Idris.
Les rapports enfants-parents sont aussi développés comme avec Adel et son père ou encore Pari et ses parents.
Mais le thème qui m’a le plus marquée est celui du handicap. Qu’il soit causé par accident comme c’est le cas de Masooma et de Thalia ou par la vieillesse et la maladie comme Abdallah et Suleiman, Khaled Hosseini étudie l’impact du handicap sur les mentalités, les comportements humains et montre quelles sont les différentes réactions possibles. Là encore, on se rend compte que quelque soit l’attitude adoptée par les personnages concernés, aucune ligne de conduite ne peut être jugée ou condamnée, qu’ils choisissent le sacrifice comme Nabi et Pari ou la fuite à l’instar de Parwana et Markos.
« Devant la tendresse et la légère panique perceptibles dans ses paroles, j’ai compris que mon père était quelqu’un de blessé, que son amour était aussi vrai, aussi vaste et immuable que le ciel, et aussi que cela pèserait toujours sur moi. C’était le genre d’amour qui tôt ou tard vous obligeait à faire un choix : soit on s’arrachait à lui pour être libre, soit on restait et on supportait sa dureté alors même qu’il cherchait à vous faire entrer de force dans une case trop petite pour vous. »
Ce roman est donc une véritable merveille. Khaled Hosseini m’a vraiment impressionnée. Il démontre tout son talent de conteur, d’observateur des comportements, d’analyste des relations humaines. Là encore, il nous raconte son pays d’origine, les mentalités du peuple afghan et , cette fois, évoque la toute puissance des narco-trafiquants : les nouveaux seigneurs exerçant grâce à leur fortune leur emprise sur les régions rurales du pays.
Il parvient à retranscrire des atmosphères aussi diverses soient-elles, fait passer des émotions, étudie de façon simple mais minutieuse les travers de l’homme et notamment, comme dans Les cerfs-volants de Kaboul, la lâcheté. Les personnages sont nombreux mais, pour tous, leur psychologie est travaillée dans le détail. Il n’y a rien de superflu. En peu de mots, Khaled Hosseini réussit à dire et transmettre beaucoup de choses. Il nous fait entrer dans la tête des personnages, nous fait partager leurs pensées, leur façon de raisonner. Ce qui fait qu'on comprend parfaitement leur comportement et qu'on ne peut les juger.
Il multiplie aussi les procédés narratifs, tantôt narration à la 3ème personne, tantôt à la première, narration épistolaire, extrait d'interviews. Et malgré toute cette variété, le lecteur ne s'y perd jamais car tout est lié, que le lien soit un personnage, un événement, une photo. Les ponts entre chaque récit sont nombreux, logiques. L'ensemble forme un tout cohérent sans aucune fausse note.
Même si les émotions ont été pour moi moins fortes que lors de ma lecture des Cerfs-volants, la construction, la richesse et la maîtrise de ce dernier roman sont remarquables.
J’aurais encore beaucoup de choses à dire, beaucoup d’extraits à présenter mais l’éternelle peur du spoiler me fait m’arrêter ici. Je ne peux que vous conseiller très chaudement la lecture de ce très grand roman. Je suis contente d’avoir encore Mille soleils splendides à lire même si je pense que j’aurai du mal à en retarder davantage la lecture. Khaled Hosseini publie au compte-gouttes et il me faudra m’armer de patience une fois ses trois romans engloutis. Mais comme chacun sait, ce sont les choses les plus rares les plus précieuses.
Un immense merci à Elsa de la société Athomédia et aux éditions Belfond pour leur intérêt, leur confiance et pour m’avoir permis ce sublime voyage autour du monde et dans les tréfonds de l’âme humaine.
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