Ouroz, fils du grand tchopendoz Toursène à la renommée sans égale, veut marcher sur les traces de son père. Accompagné de Jehol le plus beau et le plus fort étalon de toute la région, Ouroz participe à un événement unique dans l’histoire de l’Afghanistan : le premier bouzkachi royal se tenant à Kaboul devant le roi lui-même.
Plus qu’à un simple jeu, c’est à un combat contre lui-même qu’Ouroz doit se livrer, une lutte contre son appétit de gloire, une lutte contre le déshonneur. Son orgueil, cette tenace volonté de se surpasser et de prouver sa valeur vont le conduire très loin, par un long et périlleux voyage à travers le pays, repoussant davantage ses propres limites physiques et morales.
Ouroz a un caractère très dur mais j’ai l’impression que c’est une caractéristique propre aux hommes des steppes. En tant que lecteur, tantôt on l’admire et l’encourage, tantôt on le hait et on le méprise. Son comportement parfois abject et égoïste va même corrompre la plus charitable et dévouée des âmes.
De son côté, le grand Toursène effectue un même itinéraire intérieur. Son honneur et sa dignité lui font mal accepter sa vieillesse et le fait que son fils puisse le remplacer.
Les cavaliers, c’est aussi un beau roman sur la relation d’un père à son fils, le premier jalousant le second, le second cherchant à surpasser le premier. Il faudra les sages conseils de Guardi-Guedj L’Aïeul de Tout Le Monde pour les guider sur la bonne voie.
Mais le véritable héros de cette incroyable épopée reste Jehol, le courageux et vaillant étalon qui prouvera à plusieurs reprises à quel point il concentre à lui seul bien plus de qualités humaines que tous les personnages du livre réunis.
Bref, j’ai adoré ce roman, je suis complètement envoûtée et emportée par ce souffle épique d’une force incroyable. Les descriptions sont grandioses servies par une plume magnifique et poétique. Joseph Kessel immerge complètement son lecteur dans l’ambiance par des détails sur les coutumes, traditions, légendes, superstitions, sur la culture, la cuisine, le mode de vie afghans. Il nous en décrit toute la richesse, la diversité, toute la subtilité.
Il dépeint ses personnages avec force, nous livre leurs introspections, leurs plus profondes pensées, leurs hésitations, leur rage. Le lecteur se laisse emporter, se fait berner par l’un, par l’autre, assiste médusé à certains revirements.
A aucun instant, on ne s’ennuie, on tourne les pages avec avidité poursuivant notre propre quête avec autant de frénésie qu’Ouroz nous entraîne dans sa folie.
C’est à coup sûr le plus beau voyage littéraire qu’il m’ait été donné de faire jusqu’à ce jour. Un roman dépaysant et grandiose à lire sans attendre !
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