J’aime beaucoup les romans consacrés à des artistes, en
particulier les peintres et les sculpteurs. Lorsque j’ai lu que celui-ci avait
pour personnage principal un sculpteur sur cire, ça m’a tout de suite
intéressée. Je n’ai pas tilté sur le coup mais une fois ma lecture entamée, ça
m’est revenu. J’avais vu il y a un certain temps déjà un documentaire qui
parlait justement d’un sculpteur sur cire aux inspirations plutôt morbides. Eh
bien c’est lui que Rupert Thomson a choisi pour héros de son roman.
Gaetano Zummo ( Zumbo) a vécu au XVIIème siècle en Italie.
Il a notamment été appelé à Florence par le grand-duc de Toscane Cosme de Médicis pour
lequel il a effectué plusieurs œuvres.
Zumbo était particulièrement attiré par l’anatomie qu’il a
étudiée à Rome et à Bologne. Ses œuvres s’apparentent plus à des études qu’à de
simples représentations du « Beau ». Après avoir quitté le grand-duc,
Zumbo s’associe avec un chirurgien français auprès duquel il exécute
d’incroyables pièces anatomiques si réalistes et précises qu’elles furent
présentées à l’Académie des Sciences.
On lui doit aussi, parmi les ouvrages réalisés pour Cosme,
de véritables tableaux de cire représentant les différents stades de
décomposition du corps humain. Les maladies dont la peste et la syphilis furent
pour lui de véritables objets d’étude.
Dans son roman, Rupert Thomson retrace la partie de la vie
de Zumbo qu’il a passée à Florence. Son récit s’entrecoupe des souvenirs de
Zumbo attachés à sa Sicile natale et à la famille qu’il a laissée derrière lui,
à ses relations violentes avec son frère qui le déteste, et aux rumeurs
scandaleuses qui traînent dans son sillage.
Installé à Florence, Zumbo se sent surveillé. Sa réputation
l’a peut-être précédé, il craint que ses rapports avec le grand-duc n’en
souffrent voire pis, sa vie pourrait être en danger. Car Cosme mène à Florence
une politique de mœurs intransigeante où les Dominicains semblent contrôler la
vie des citoyens rappelant les heures sombres de l’époque de Savonarole.
La Peste - Gaetano Zumbo (1680-1700) |
J’ai un avis finalement assez mitigé sur ce roman. Le sujet
me parlait énormément, j’ai adoré redécouvrir cet artiste dont j’avais oublié
l’existence, j’ai énormément apprécié cette plongée dans la Florence du XVIIème
siècle dont Rupert Thomson retranscrit merveilleusement bien l’atmosphère
lourde de tension permanente. Il donne de nombreuses informations sur la vie
quotidienne florentine, sa population et son administration. L’auteur nous
emmène dans les rues de la ville à travers les quartiers dont les noms nous
sont aujourd’hui encore familiers, au pied des grands monuments mais aussi à
l’intérieur du ghetto juif.
Toutefois, l’auteur prend des libertés par rapport à
l’histoire et encore une fois, il ne fait aucune mention de ses sources de
documentation et ne précise pas au lecteur jusqu’où il est allé dans le
fictionnel. C’est dommage. Bon certes, le lecteur peut faire le travail
lui-même en effectuant ses propres recherches mais ce n’est pas si évident. Par
exemple, je n’ai trouvé aucune mention de la commande principale demandée à Zumbo
par Cosme dont il est question dans le livre. J’imagine aussi que les rapports
entre Cosme et son épouse ont une part de vérité mais jusqu’à quel point ?
Mais ce n’est pas ce qui m’a le plus gênée dans cette
lecture, c’est surtout la romance entre Zumbo et une jeune fille qu’il
rencontre. J’ai trouvé qu’elle prenait trop de place et que le texte en
souffrait par trop de longueurs.
En fait, j’ai été plus attirée par les détails annexes et le
contexte que par l’intrigue principale. J’aurais aimé que l’auteur insiste plus
sur l’artiste et son travail.
Néanmoins, Noces de cire reste un roman historique
agréable et bien écrit.
Note : D’après Wikipédia, il existe un
autre roman historique ( apparemment très documenté) consacré à Gaetano Zumbo
écrit par Christine Brusson et publié aux éditions des Equateurs en 2010 :
La Splendeur du soleil. A voir …
Merci aux éditions Denoël.
Noces de cire - Rupert Thomson
Editions Denoël - Collection Denoël et d'ailleurs
Traduction : Sophie Aslanides
400 pages
Parution : 09-10-2014
Connaissais pas, l'ensemble m'intrigue et n'y connaissant rien je pense que j'aurais tout pris pour argent comptant, je suis donc bien d'accord avec toi l'auteur aurait dû glisser au début ou à la fin de son livre des précisions, confirmer les faits réels et mentionner la part du fictif.
RépondreSupprimerC'est d'autant plus important s'agissant du genre roman historique, le lecteur ne doit pas se perdre.
Franchement ça devrait être une obligation.
Oui je pense aussi. D'autant plus que souvent ils font quand même des recherches donc écrire un petit paragraphe pour expliquer leur démarche ce n'est pas demander la lune il me semble.
SupprimerJe n'aime pas suffisamment les romans historiques et tu n'es pas suffisamment enthousiaste pour que je me laisse tenter.
RépondreSupprimerIl ne fait clairement pas partie des meilleurs ouvrages du genre donc tu ne perds pas grand chose.
SupprimerIl me semble avoir compris que tu aurais préféré un vrai ouvrage historique plutôt qu'un roman historique. Moi aussi, ça m'arrive ce genre de déception.
RépondreSupprimerDisons que quand l'auteur choisit un personnage ayant réellement existé, je l'attends à ce qu'il respecte sa biographie, même s'il la romance. J'avais fait le même reproche à François Garde pour son "sauvage blanc" même que dans son cas, c'était encore plus grave, il déformait complètement la réalité. Autant construire un personnage entièrement fictif dans ces cas-là.
SupprimerD'accord avec toi pour Le sauvage blanc.
SupprimerJe ne connaissais pas et ton avis mitigé ne me motive pas non plus ^^
RépondreSupprimerA voir ! Mais merci pour la découverte, je ne connaissais pas du tout cet artiste Zumbo !
Je crois que c'est, avec la découverte de la Florence de cette époque, le seul intérêt du livre. Et c'est bien dommage. Merci à toi ! :-)
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