Bien entendu, si vous êtes un défenseur acharné du végétarisme, il va de soi que ce livre n’est pas pour vous et ne saura vous convaincre de la beauté de la viande et du travail de la viande.
Ceci dit, Pim, notre personnage principal, n’en était pas tout à fait convaincu non plus au départ. Et c’est un peu par hasard qu’il s’oriente lors de ses études vers la filière de la boucherie.
Il se découvre alors une passion, passion que Joy Sorman parvient à retranscrire d’une façon admirable. Une passion qui va d’ailleurs s’amplifiant et qui va mener Pim vers la folie.
Dans ce roman, on découvre les coulisses des métiers de la viande, de la ferme d’élevage en passant par l’abattoir, le marché de Rungis et les bancs de l’école de formation. Joy Sorman offre à son lecteur une véritable visite guidée jusque dans les détails et n’embellit rien.
Elle nous livre un texte remarquablement écrit. Le choix des mots, des tournures de phrase sonnent à chaque fois juste, certains passages sont presque poétiques, les descriptions parfois aussi minutieuses et colorées qu’une toile de peintre. Le travail de la viande devient sous sa plume un art à lui tout seul transformant Pim en artiste, ses gestes précis en ballet, les pièces de viande en dégradés de rouge.
Joy Sorman rend un bien bel hommage à ces métiers souvent méprisés et aussi à ces travailleurs des abattoirs à la besogne ingrate mais nécessaire.
De plus l’humour n’est pas absent de ce texte et le panache non plus.
Cependant, j’ai trouvé le roman trop court. J’en aurai voulu plus, j’aurais souhaité une histoire plus étoffée, plus fouillée. La fin m’a également déçue, je m’attendais à plus sensationnel. Pourtant c’est original et Joy Sorman évite de tomber dans la facilité. J’imaginais Pim virer psychopathe mais il n’en est rien et Joy Sorman sait ménager ses effets. On ne sait absolument pas jusqu’où la folie de Pim va évoluer, sa personnalité reste assez floue et énigmatique mais j’ai apprécié tout de même ce suspense et cette tension tout au long du récit.
En fait, ce récit me rappelle La leçon d’anatomie de Rembrandt, le sujet n’est certes pas très ragoûtant mais c’est du grand art. Et il en est un peu de même pour Comme une bête. Je souligne encore une fois le style de Joy Sorman qui m’a fait penser à celui de Patrick Deville en moins télégraphique.
Bref, j’ai aimé mais j’ai aussi été déçue. Ceci dit, je surveillerai à présent de près cet auteur.
Un grand merci à Lise et aux éditions Folio pour cette découverte.
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