Mais ces dix dernières années, il n’a plus aucun contact avec sa patrie d’origine qui semble l’avoir oublié jusqu’au jour où il reçoit l’ordre de tout quitter et de rentrer dès le lendemain dans son pays.
Mon avis :
Le récit se déroule sur 24 heures à raison d’un chapitre par heure ce qui n’est pas sans rappeler une certaine série made in USA. D’ailleurs, on lit un peu ce livre comme on regarderait une série confortablement installé devant son poste de télévision. La narration alterne entre le point de vue de Kiyeong mais aussi celui de sa femme, de sa fille et d’autres protagonistes secondaires. Cependant, le rythme est rapide et haletant, l’alternance de narrateurs ne perturbe en rien la lecture et le suivi des évènements. Il n’y a aucune longueur et tout s’enchaîne, tout s’assemble à la manière d’un puzzle.
On pourrait s’attendre, à en lire la quatrième de couverture, à une banale histoire d’espionnage dans le même style qu’un certain célèbre espion au service de Sa Majesté mais il n’en est rien. L’intérêt et l’objet du récit sont bien plus riches et complexes.
Kiyeong a 24 heures pour prendre une décision :
- rentrer chez lui sans savoir pourquoi on l’a rappelé et peut-être risquer sa vie si ses supérieurs ont quelque chose à lui reprocher ou bien :
- rester, continuer sa vie dans l’angoisse que sa patrie d’origine n’envoie des agents l’éliminer ou bien encore :
- partir dans un autre pays sans laisser de trace mais dans ce cas de figure que faire de sa famille ? Doit-il tout leur avouer ?
C’est un véritable dilemme auquel il doit faire face. Il pèse le pour et le contre, se remémore sa vie au Nord, réfléchit au confort de la modernité du Sud.
Ce roman est donc également un témoignage de la vie quotidienne sous le régime communiste instauré par Kim Jong-Il et son père en Corée du Nord et on n’échappe pas, à travers l’œil et les réflexions de Kiyeong, à la comparaison avec la société capitaliste du Sud, ses atouts mais aussi ses défauts. L’une partie étant le négatif de l’autre, autant dire que pour Kiyeong le choix s’avère cornélien.
On peut toutefois remarquer la mise en exergue des vices inhérents à la société capitaliste à travers les personnages de la fille et de la femme de Kiyeong : la débauche des corps et la place importante de l’argent et de la réussite étant particulièrement visées.
En revanche, j’ai déploré ce plaidoyer en faveur du végétarisme, je l’ai trouvé mal venu. Il n’avait pas sa place dans ce récit, je l’ai ressenti un peu comme une mouche dans mon potage.
En résumé, j’ai beaucoup apprécié cette lecture, très distrayante et poussant à la fois à la réflexion car ce dilemme auquel est confronté Kiyeong amène tout un tas de questions, on ne peut s’empêcher de se mettre à sa place et se demander ce que nous ferions nous dans une telle situation.
Tout est aussi une question de culture : doit-on donner la priorité au devoir et au patriotisme ( point de vue en accord avec l’idéologie communiste) ou doit-on penser à sa propre survie et son propre intérêt ( point de vue individualiste et matérialiste caractéristique de la société capitaliste) ?
Bref, je conseille vivement cette lecture, j’ai véritablement passé un agréable moment.
L'empire des lumières - René Magritte |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire