Comme beaucoup, j’ai apprécié ma lecture mais je n’irai pas jusqu’au coup de cœur ni même jusqu’à crier au génie.
Le soleil des Scorta est un bon roman qui se lit bien et vite, qui n’ennuie pas, qui est très bien écrit mais j’ai trouvé qu’il lui manquait un petit brin d’originalité pour être totalement conquise.
Je m’attendais en fait à une véritable saga familiale mais le roman ne se déroule que sur quatre générations dont les deux premières sont largement survolées (1/5ème du roman seulement). En fait, il s’agit surtout de l’histoire de deux frères et d’une sœur qui doivent se débrouiller dans la vie car leur fortuné père les a privés de tout héritage. Décision que je n’ai absolument pas comprise ! Le père prend uniquement des dispositions afin que ses descendants, si miséreux qu’ils soient, puissent être enterrés avec faste. En lisant ça, je m’attendais à ce que cette idée soit exploitée sur plusieurs générations mais pas du tout …
Finalement, j’ai préféré ce 5ème du roman consacré à Luciano et Rocco. Le récit partait bien avec cette histoire de vengeance mais finalement là aussi j’ai été déçue, je m’attendais à ce que ce soit beaucoup plus développé et j’imaginais quelque chose de plus dramatique.
Je reconnais que Laurent Gaudé a su retranscrire à merveille l’atmosphère de l’époque et du lieu. On ressentait vraiment la chaleur, le soleil, l’aridité et la sécheresse de la terre, c’est comme si on y était. La scène du repas en famille est merveilleuse en sensations, de quoi donner envie de se précipiter dans un restaurant italien.
Il y a aussi de très belles scènes pleine de poésie comme celle relatant le dernier voyage en mer de Donatello, passage que j’ai trouvé magnifique.
J’ai apprécié aussi cette belle leçon sur la vie, que finalement on peut être heureux à simplement se contenter de bons moments passés avec ceux qu’on aime, peu importent les difficultés. Mais j’ai trouvé que ça sentait un peu trop le renoncement et le pessimisme, surtout à travers la frustration d’Elia qui se sent prisonnier d’une vie de labeur qu’il n’a pas choisie. Elia s’est soumis à la loi du clan et des liens du sang. Laurent Gaudé a très bien su illustré cette mentalité propre aux pays méditerranéens qui attachent énormément d’importance à la famille. Il suggère aussi l’évolution de cette mentalité à travers le départ à l’université d’Anna et montre l’ouverture progressive de ce petit village à travers le tourisme.
Un très beau roman donc mais qui, dans le genre de la saga familiale, reste quand même très loin d’un Cent ans de solitude.
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